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Le 29 janvier 2011Le Tour "Made in Kerouze" de Claude BESSON passait par Le Croisic. .



19 heures… passées.
De très nombreux spectateurs s’attablent, peu à peu, face à la scène disposée, pour la circonstance, à l’intérieur du bar « Le Paris ».
Ce soir, Claire et Damien Angomard, très avenants propriétaires des lieux, ont invité, pour un « intime concert », un « faiseur de chansons », un trouvère des temps présents… Monsieur Claude Besson !
Cet authentique artisan de la belle chanson française colporte, depuis plus de quarante ans, à travers la France et sa chère Bretagne, ses textes ciselés, ses mots emplis de nostalgie, parfois de désespoir et ses mélodies magnifiées par les accords profonds de sa guitare Martin. Claude Besson, c’est aussi « un peu de tendresse, de poésie, dans un monde de brutes » qui a bien oublié le sens profond de l’humanisme.

Au travers de ses ballades écrites au gré de ses souvenirs, de son enfance, de ses coups de cœur, de ses coups de gueules, nous traverserons, au cours de ce récital « Made in Kerouze » son exceptionnel répertoire qui explore nombre de genres musicaux.



De véloces arpèges à la guitare introduisent l’émouvante chanson « Entre myosotis et pavot ». Malheur aux apatrides volontaires en quête d’absolu, ou aux apatrides involontaires chassés de leur pays qui, le dernier moment venu, ne reverrons jamais leur mère patrie et ne « poseront jamais leurs os dans un quelconque paradis »Puis, l’artiste nous fait partager, avec la sensibilité qui le caractérise, sa fraternelle amitié avec un certain
« Pierre du Québec ». Claude nous enseigne, ensuite, que les « Amours d’artisan » sont « les plus belles et les plus sincères », thèse évidente, pour cet auteur-compositeur, lui-même façonnier des mots et du bois : Elles sont belles ces commodes d’ébène posées dans les ateliers, mais qu’elles sont belles, aussi, les chansons « marquetées » de Besson, qui interpellent délicatement nos pensées, et avec quelle justesse, nos indifférences.
Il parvient à nous toucher, personnellement, avec un très bel hommage rendu à celui qui lui a transmis ses valeurs et,… même ses traits : son « Père ».


Vient ensuite « Adieu nos espérances », comme un constat des turpitudes de l’existence et des rêves irréalisés.
Et puisque nous sommes au Croisic, en Bretagne sud, comment, l’artiste, ne pourrait-il pas nous associer à
l’ attachement profond qu’il porte à son pays Armoricain, à ses « Racines » et nous chanter, « Qu’elle est belle ma Bretagne, quand elle pleut », inoubliable composition du très regretté Jean-Michel Caradec. Après cette version Jazzy, nous suivons Claude jusque chez lui, à « Kerouze », puisqu’il nous y invite par les paroles mêmes de sa chanson « voyage où tu le veux, mais n’oublie pas de passer par chez nous ».
Artiste, ô combien humaniste, Besson dissèque la perversion de notre société moderne apportant ses fléaux de pauvreté et d’injustices, des forçats de la pierre dans les ardoisières au cœur des Montagnes Noires à la condition des travailleurs émigrés partant vers d’hypothétiques Eldorado. Qu’est-il devenu ce jeune travailleur venu du Magreb pleurant son amour brisé avec la « Fille de Lorient » ou « Marylee », la petite fille au teint de porcelaine venue du pays du soleil levant ?


Rodin de l’écriture, Besson sculpte ses poèmes enjolivés par les notes veloutées de sa guitare, car, n’oublions pas que l’artiste est aussi un multi instrumentiste, à ce titre récompensé par le Grand Prix de l’Académie Charles Cros, en 1975. Il est passionné par la lutherie, créateur de dulcimers, de psaltérions, de dulspinets, et sous les conseils avisés de Jord Cochevelou, père d'Alan Stivell, de harpes celtiques.

Le désenchantement et les amours malheureuses sont souvent omniprésents dans l’œuvre du musicien, « Le bon temps des Baba Cool », « Ca coûte cher d’aimer », mais l’homme demeure empli d’espérance car ce « n’est pas la peine de pleurer pour rien », « Il faut vivre ».

Cet enchanteur sait, comme personne, avoir les mots justes pour écrire le triomphe des sentiments brisant la barrière des conventions dans « La bienvenue, la malvenue » et sur la tendre rencontre de deux « Baladin, Baladine ».


Certes, cette incontestable nostalgie qui imprègne la plupart des textes de Besson nous fait croire que l’espoir, l’humour n’habitent plus l’être, désormais. Cela semble totalement faux puisque Claude Besson nous prouvera le contraire tout au long de cette proche et conviviale soirée, interpellant, avec sa gouaille ordinaire les spectateurs venus du Croisic, de Batz sur Mer, de Guérande, de Nantes, voire d’ailleurs…


« Je suis le chanteur Breton qui a les plus longues introductions »…lance-t-il en riant et en plaquant et redoublant les premiers accords de l’excellente composition « Les deux arbres à chanson » dédiée à Georges Brassens et Jacques Brel qui n’auraient certainement pas désapprouvés les mots libertaires d’un des derniers titres de Claude « Liberté, égalité, mon c.. », et qui auraient, vraisemblablement, trinqué avec lui en reprenant en chœur « Son Ar Chistr », joviale chanson à boire, créée en 1924 par deux sonneurs.
Un rappel « d’Adieu nos espérances », conclura ce brillant et très dense concert choisi par Claire et Damien Angomard, toujours à la recherche de la qualité artistique et de l’enracinement Breton.

Texte : Anny MAURUSSANE - Photos : Gérard SIMON


Bar Hôtel Le Paris
66 rue du Traict 44490 LE CROISIC
(face à la gare SNCF)
02 40 23 15 19

Rendez-vous sur la page de la discographie de Claude BESSON
Présentation et hommage à Claude BESSON


© Culture et Celtie

Illustration sonore de la page : Claude BESSON - Extrait de "Kerouze", en public.
Captation durant ce concert du 29.01.11, sur enregistreur vocal, par Christophe DOUAY.

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