Nombreux doivent être les pionniers du rock’n’folk et de bien d’autres univers a avoir nourrit l’imagination dévorante de Dan. Dans une atmosphère doucereuse et jazzy, l’instrument à six cordes s’accorde, merveilleusement, au son du saxophone. De quoi réchauffer les fraîches eaux bretonnes à l’apparition d’un horizon cuivré. En effet, c’est l’empreinte de Bernard Le Dréau. On retrouve aussi dans cet opus, la complicité vocale de Clarisse Lavanant, les claviers de Patrick Peron, la basse de Yannick Hardouin ainsi que les percussions de Jérôme Kerihuel.

Partons à la découverte de ces fameuses pistes cornouaillaises qui débutent avec « Wood on the Sand », titre qui illustre, telle une musique cinématographique, une nature où guitare et cuivres chantent en chœur.
La reprise « Moon River » est, quant à elle, spatiale, un tantinet « shadowsienne » et développe une mélodie romantique superbe. Une mécanique qui se veut affinée, précise et subtile.
« The girl from the other side of the mountain », plus entraînante se fredonne comme un hymne. Dans la droite ligne du précédent opus, « La mémoire des volets blancs », ce titre est, sans aucun doute, l’un des plus beaux de l’album. Les chœurs, ici réalisés par Clarisse Lavanant apportent des notes de fraîcheurs, exotiques voire pacifiques.
« La plage de Kermyl » plus sobre, doux et acoustique entremêlent une complicité « guitaristique » avec Jacques Pellen. Un royaume de tranquillité sur cette plage de sable blanc du pays fouesnantais.
« It’s for you too » revient avec un son plus jazzy où guitare et saxophone jouent, souvent, à l’unisson en laissant de superbes plages de solos avec des accents comparables à ceux du guitariste Joe Satriani.
Sur le morceau traditionnel « O Shenandoah », les arrangements font, de nouveau, planer l’influence d’un Hank Marvin.

« Le hasard » change bien les choses en revenant à des couleurs plus éthérés et ambiantes, sous une tonalité toujours aussi cuivrée.
Dans sa continuité, « None of these words » est un autre titre qui colporte la tonalité de « La mémoire des volets blancs ».
« Flakes of peace » distille une saveur rythmique proche d’une bossa boisée par une table d’harmonie spécifique aux grandes guitares folk américaines.
On comprend alors que la quiétude l’a emporté sur l’amertume quand Dan ar Braz a composé « May peace find you » en hommage à son fils disparu, il y a peu. Un morceau si sacré qu’il navigue hors du temps et de l’espace vers une douce et mélodieuse éternité.
Dans sa continuité, la reprise du célèbre morceau de Gérard Manset, « Il voyage en solitaire », apparaît comme une réponse à la douleur qu’il faut exorciser pour retrouver la paix.
« Theme for a victory » termine ce superbe album sur des notes dynamiques et joyeuses.

Il est certain que vous vous laisserez guider par les phrasés de Dan ar Braz. En fermant les yeux, ce sont les Cornouailles qui apparaîtront dans leurs moindres détails. La sensibilité viscérale de Dan ar Braz est si enracinée qu’elle ne saurait se défaire totalement des pistes musicales que lui inspire son pays natal.

« Cornouailles Soundtrack » marque l’une des œuvres majeures de l’artiste.
Après les vagues de « Musiques pour les silences à venir », de « Septembre Bleu » puis de « La Mémoire des volets blancs », voici la magie d’un fracassant ressac qui, comme l’écrivait Gilles Servat, palpite dans nos cœurs.
« Cornouailles Soundtrack », un album indispensable à votre discothèque !

Xavier DANIEL