Page sonorisée |
Gérard DELAHAYE - "Jardin d'Eden" |
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Ne vous fiez pas, exclusivement, aux poétiques ornementations graphiques et picturales qui, par la richesse de leurs teintes ou la précision de leurs traits, ornent oniriquement le Digipack cartonné et le livret qui, respectivement, contient ou éclaire, grâce l’intégrale publication des textes des chansons interprétées, le nouvel et 10ème opus solo de Gérard DELAHAYE. En effet, accompagnées des mises en couleurs d’Olwenn Manac'h, graphiste du Centre Bretagne, si les acryliques sur toile de lin, signées du talent de Marie AMALIA, apparaissent en parfaite osmose avec le titre donné par l’auteur-compositeur-interprète Bretillien (Gentilé des habitants d’Ille-et-Vilaine) à son nouveau recueil musical, à savoir, « Jardin d’Eden », leur style artistique, plutôt naïf, pourrait, quelque peu, vous leurrer sur le réel et substantiel contenu des chansons composées, textes et musiques, par l’artiste. |
En effet, Gérard DELAHAYE ne chante pas des « bluettes » et si son expression incontestablement fort poétique reste omniprésente, elle n’est point mièvre et porte, avec beauté, choix et mesure du verbe, du vers, l’évident, profond et tangible contenu de ses textes. Face aux couleurs vives, vivifiantes… vitales d’un monde idyllique qu’il continue à nous faire percevoir, le chanteur ne nous en cache, néanmoins pas, les ombres, les noirceurs. […] […] Synthétisant, mieux que nous, l’état d’esprit artistique qui charpente cet enregistrement, répondant à Baptiste MEBROUK, au micro de l’émission « Circuit Bleu - Côté Culture », diffusée sur France Bleu Breizh Izel, Gérard DELAHAYE précisait, ainsi, ses réflexions et intentions créatrices : Dans la droite ligne de précédents albums « Rue Poullic al Lor », paru en 2012, ou, plus encore, dans la filiation de « La Ballade du Nord Ouest », publié en 1997, baigné de violon, flûtes, guitares, basse et contrebasse, uillean pipe, viole de gambe, calebasse, godjé, percussions, « Jardin d’Eden » nous offre dans une coloration plus ou moins celtique, selon les plages, une douzaine de chansons crées au cours de ces cinq dernières années. Tout au long du programme, la Bretagne est présente. Même si elle n'est pas toujours, clairement, nommée, elle est, néanmoins, assez fréquemment, évoquée. […] […] […] De surcroît, sur un arrière plan musical celto-breton, des motifs traditionnels, sont parfois, précisément, « insérés », comme le reel irlandais « The Tempest », dès le premier titre « L’âge d’or », l’air à danser breton « Dañs Ar Podoù-Fer », qui conclue « Fest noz » ou la composition du flûtiste Jean-Luc THOMAS, « Jakez Pier’s Reel » pour, en plage 3, « Shakespeare is not dead ». Au-delà de ce véloce flûtiste, susnommé, pour donner corps à « Jardin d’Eden », Gérard DELAHAYE s’est entouré d’une pléiade de talents, parmi lesquels, les amis de toujours, Patrick EWEN et Yvon LE MEN qui lui répondent dans « Shakespeare n’est pas mort » et Dan AR BRAZ, particulièrement « Dan, guitare hero », dans ses celtiques et électriques spires qui « virgulent » le bluesy « Ménez-Hom ». De base stylistique folk, ces 12 nouveaux titres sonnent, de facto, plus pop-folk, grâce à l’apport des talentueux jeux de musiciens haut de gamme. C’est le cas, pour ce disque « Jardin d’Eden » et nous pensons qu’il est temps et juste de vous présenter, l’ensemble de ces instrumentistes et choristes qui contribuent une réalisation aboutie de ces variés paysages sonores. |
Gérard DELAHAYE - © Photo Jérémy Kergourlay |
L’étendue des « pupitres » est édifiante et vous laisse présumer de la gamme des registres sonores abordés qui font la beauté et l’harmonieuse diversité de l’opus. Gérard DELAHAYE : chant, guitares, programmations. |
Si nous avons savoureusement apprécié tous les titres de ce programme, notre attention a été particulièrement, captée, en plage 3, par « Shakespeare is not dead », qui relate les pouvoirs des princes bâtis sur les trahisons, retournements d’opinions, mais aussi, étendu pour le tout un chacun, les paroles données puis envolées, les rapports de force, les déchirements entre héritiers « pour un tapis, pour un empire », les agresseurs, les terroristes… […] Comme pour l’ensemble des chansons du disque, nous vous le disions dès l’orée de notre chronique, le propos est loin d’être naïf, mais serein, objectif, toujours, humble et porteur d’espoir. La mélodie de cette chanson y est, d’ailleurs, joyeuse, dansante, puisque calquée sur un reel. Empreint d’un même réalisme, nous avons retenu la chanson suivante, « Ainsi soit-il », dénonçant les religions qui tuent et ceux qui, quelque soit l’« enseigne idéologique », en leurs noms, commettent les pires actes. «Au nom de tous les crucifiés, […] Sans haine, la voix prenante de Gérard DELAHAYE nous dit tout, nous chante l’essentiel, sur des programmations et chœurs qui semblent porter aux cieux, eux aussi, « bien spirituellement, pollués »… cette « contre-prière ». En plage 9, sous le titre, « La guitare de Gao », un détour rythmique et mélodique par le Mali, nous semblant être âme musicale sœur avec le soudanais « C'est déjà ça », d’Alain SOUCHON, nous a séduits, de par sa coloration instrumentale, où s’expriment, notamment, calebasse et godjé, mais, également, par l’excellente interprétation chantée ou parlée de l’artiste, ainsi que par la teneur et la qualité de son propos. […] Donne moi ta guitare cet instrument du diable Vous le constatez, tout au long de cette chronique nous avons, assez largement, illustré nos impressions avec nombre de citations textuelles de l’auteur, considérant que Gérard DELAHAYE, apparaît, au travers de cet enregistrement, comme un véritable poète, ni poète « pouet pouet », comme il y en a tant, ni prosélyte versificateur aveuglément encarté, comme il y en a, aussi, pléthore, mais comme un objectif, crédible et sage auteur-journaliste qui relate, avec son blanc et noir, la contemporanéité de notre monde. Nous vous conseillons, vivement, ces près de 51 minutes de réelle et objective acuité, de grande sérénité, de sagesse, parfois, de mélancolie, qualités qui, entre autres, imprègnent, ces douze titres, tous, chargés de sens. Vous serez, sans nul doute, séduits par les textes, les mélodies et l’interprétation de ce, toujours, jeune artiste… au demi-siècle de scènes et de disques (son premier 45 tours remonte à 1972) qui sait actualiser son regard, ses mots et ses notes pour mieux narrer, sans concession, mais avec avec circonspection, décence, discernement, notre présent. Gérard SIMON |
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Nous vous proposons d'écouter un medley de trois titres extraits de l'album : "Un jardin d'Eden", "Shakespeare is not dead" et "D'abondance et de liberté" (06:48). |
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Les titres du CD "Jardin d'Eden" : 01. L'âge d'or - 03:57. |
CD Gérard DELAHAYE - "Jardin d'Eden". |
© Culture et Celtie |
Illustration sonore de la page : Gérard DELAHAYE - "Au Menez Hom" - Extrait de 01:04. Le site Internet de Gérard DELAHAYE : www.gerarddelahaye.fr |