Page sonorisée


DENEZ
"Mil hent - Mille chemins".
Le site officiel de l'artiste

13 célestes chants bien plus que chansons, parés de très riches couleurs instrumentales, amples et subtils arrangements, avec de prestigieux invités, tels que Yann TIERSEN, Ronan LE BARS, Jean-Charles et Fred GUICHEN, James DIGGER, pour un voyage de 57 minutes de mélancolie, mais aussi d’entrain, en tous cas, de grâce, de poésie, de métissage, de racines… et d’ailes, entre chant et narration, acoustique et électro, tradition et progressif, transe et mélodie, gwerz et marche, gavotte bretonne et musique du monde, voici le 9ème… et pas des moindres albums de DENEZ, un disque intitulé « Mil hent - Mille chemins » !

Depuis sa parution, la presse est unanime et salue d’une plume dithyrambique, mais, sans aucun excès et, finalement, à sa très juste valeur, cette création majeure de celui qui a estompé son patronyme PRIGENT pour devenir… DENEZ !


Nous vous laissons le soin de découvrir ces élogieux écrits, amplement mérités, notamment, ceux collectés et regroupés, sur la page d’accueil du site officiel de DENEZ (Voir).

Paru en mai dernier, chez Coop Breizh, cet exceptionnel opus est proposé dans une fort élégante« jaquette-coffret» au chromatisme « Gwenn ha du », illustrée, en façade, par un dessin, dénommé « Carrés blancs et noirs », réalisé par l’artiste qui, décidemment, se révèle vraiment complet et artistiquement, multidisciplinaire !
Pour notre plus grande satisfaction, inséré à l’intérieur de ce distingué contenant, un abondant livret de pas moins de 31 pages reprend les textes, en breton, chantés, en proposant leurs traductions en français et des commentaires additionnels signés de la main de DENEZ !
A noter que, pour la première fois, une pièce est chantée par l’artiste… en Français !
Au fil de ces pages, ce double éclairage textuel est ponctué par 4 visuels, en quelque sorte, extraits, « zoomés » et recadrés à partir de l’échelle 1 du graphisme original, susnommé, qui fait la « Une » du séduisant objet cartonné.

Certains pourraient nous reprocher l’incursion de ces quelques lignes qui, au sein d’une chronique musicale, décrivent « l’emballage », mais nous considérons qu’il nous semble très important de saluer les efforts que font certains artistes pour présenter leurs œuvres dans des contenants soignés et largement documentés, notamment pour les non-locuteurs de la langue bretonne.
Grâce à de telles démarches, nous retrouvons, ainsi, le plein et intime culte de l’album, l’intérêt de l‘objet, le goût de mieux pénétrer, épouser, déguster l’œuvre, charmes visuels que le tout numérique, souvent, téléchargé que par extraits, n’a, absolument, pas.
Au cœur de ce chapitre « présentation », saluons « l’artwork » réalisé par le studio de création « Restez vivants » (Voir).
De plus, présenter de tels bijoux d’écriture et de notes dans un séduisant écrin aux couleurs de l’emblème de la Bretagne, le tout, de surcroît, ciselé, de bout en bout, de fond en comble, par l’orfèvre, n’est il pas le meilleur contexte pour aborder et accompagner les délices auditifs générés par un tel programme !

Venons-en à ce programme que Coop Breizh nous présente comme : « Des compositions originales, une musique métissée, puissante et universelle, alliant instruments acoustiques et sonorités électro, « en fil rouge », comme une synthèse de tous les chemins que DENEZ a pu emprunter jusqu'à présent ».

De son côté, DENEZ précise dans le livret sus-décrit : « Je dédie, en toute humilité, cet album à la Bretagne. Elle est ma terre, ma force, ma langue ».

Dès la première plage de ce CD, nous ressentons, profondément, presque physiquement, la dévotion de DENEZ pour sa terre, son attachement sincère et fervent à cet ouest armoricain et à sa langue qu’il défend, viscéralement, opiniâtrement.

A ce propos linguistique, sur l’un des pans du triptyque qui donne volume à la jaquette, le chanteur léonard précise, en complément de la citation précédente :
« Une langue, c’est l’âme d’un peuple, sa vraie richesse. Cette langue et cette âme, nous avons failli les perdre, quand, ce qu’on appelle un ethnocide, a été entrepris en Bretagne. Et nous risquons, encore, de les perdre si nous ne continuons pas à les défendre. Ce combat est universel, car la langue et l’âme de la Bretagne n’appartiennent pas qu’au peuple breton, elles sont, au monde, une part supplémentaire d’humanité, un phare dans la nuit, un chemin de plus… ».

Passeur des histoires ancestrales du quotidien et du terroir breton, c’est donc, en plage 1, au fil d’une composition originale, paroles et musique de DENEZ, dans un breton qu’il sait rendre mélodique comme jamais, grâce à sa vibrante et unique voix que ce chanteur d’exception entonne comme un hymne, un psaume, « Ar groazig aour » (La petite croix d’or) sur la nappe cuivrée du mélancolique violoncelle de Jonathan DOUR. Un duo progressivement rythmé, par les séquences électroniques de James DIGGER préfaçant l’intervention des autres excellents musiciens, Ronan LE BARS, Cyrille BONNEAU, Thomas OSTROWIECKI, Antoine LAHAY qui conjuguent talent et très large diversité instrumentale pour épicer de senteurs orientales, l’épicentre du morceau. Suit un moment magique avec les spires de la cristalline harpe de Maëlle VALLET qui viennent, tour à tour, flirter et notamment, s’enlacer, sur des roulements de caisse claire, avec les plaintes de l’Uilleann pipe de Ronan, la voix du mystique chanteur , puis avec le violoncelle de Jonathan, avant l’explosion finale aux brillantes et contemporaine notes celtiques.



DENEZ - © Photo Emmanuel Pain

« Dre koad ar-Spont neb ‘dremenfe
Ur mean-koun eno neb ‘welfe

Ur maen-kounneb ‘welfe eno
Ouzh troad un dervenn kozh marv ».

Ouzh troad un dervenn kozh marv
Kuzhet gant touskan hag iliav
».

« Quiconque passerait par Koad-Ar-Spont
Verrait sur son chemin une pierre funéraire.

Une pierre funéraire couverte de lierre
Posée au pied d’un vieux chêne mort.

Elle m’a inspiré une Gwerz
Approchez-donc si vous voulez l’entendre
».


Oui, nous voulons l’entendre, vous entendre, cher DENEZ, dès l’orée de cet opus, lorsque les toutes premières mesures s’échappent de notre chaine HI FI en distillant, dans une même « symphonie », tradition, modernité, sons d’hier, du jour, de demain et d’après demain, mélodies bretonnes, celtiques et musiques du monde.

Votre expression artistique et vocale, stricto-sensu, nous… ravit !

Ce morceau, « Ar groazig aour » est fort bien choisi comme entrée en matière de ce disque, car celui-ci véhicule, immédiatement, la base des premières couleurs musicales et vocales qui s’étireront, au fil des « paysages », sur la magistrale toile peinte par l’artiste qui en fera une homogène fresque aux multiples contes.
Si la très belle, spécifique et légendaire voix de DENEZ se révèle, tour à tour, planante, mystique, mélancolique, vous la découvrirez plus magistrale, plus épique, dans « An hentoù splann » (Les chemins merveilleux) figurant en plage 2.

Ecoutez, ré-écoutez, en 3ème piste, « Va hent » (Mon chemin), une magnifique collaboration DENEZ/TIERSEN, dont le piano souligne avec précautionneuse présence la prime narration, puis le chant de « l’homme celte ».
En plage 5, nous vous en parlions, plus haut, figure la seule chanson, chantée en Français : « Dans la rivière courante ».
Dans le livret, DENEZ précise : « C’est ancienne complainte française a pour titre original « l’infanticide ». J’ai substitué, à l’air traditionnel, une mélodie de ma composition et pour finir sur une note optimiste, je me suis permis de remplacer le couplet de la version initiale : « Jeunes filles de quinze ans, écoutez cet exemple ! Ne courez plus les bals ni le soir à la danse ! Ne courez plus les bals ni les fêtes de nuit ! C’est ici la cause que je meurs aujourd’hui » … par deux nouveaux couplets que j’ai, également, composés en essayant de rester le plus proche du texte d’origine, dans le style ».

De notre côté, nous vous avions présenté, en mars 2017, sur Culture et celtie l’e-MAGazine, la version du TRIO HERVIEUX MAHE, extraite de leur album « Salver an eneanoù - Le sauveur des âmes », interprétée sous le titre « Crime et châtiment ». Il semble intéressant de rapprocher votre écoute du deuxième extrait du medley que nous vous proposions, alors, en fin de chronique. (Voir) avec le premier extrait du montage consacré à DENEZ.

2 autres versions, sous forme d’hanter dro, figurent sur You tube : (ICI) et (ICI).

Si la version du TRIO HERVIEUX MAHE capte et séduit, il faut bien avouer que DENEZ magnifie ce thème.

Une grande première, aussi, dans ce CD « Mil hent »… un texte parlé. C’est « March’Eon » (Cheval-Ecume).
Une cloche qui sonne le glas, des programmations électroniques de James DIGGER, et vous voilà, immédiatement, saisit, emporté par la narration, en breton, de DENEZ que les non locuteurs peuvent, comme un sous-titrage, suivre, en simultané, le rythme le permettant, fort aisément, en français, ceci, toujours, grâce au livret joint.

.../...
« Pegen splann neuze da welet
Diharnezet, hep samm ebet

O winkal e tarh ar morniz
Adkavet gantañ e frankiz !
»

« Comme il est, alors, beau à voir
Sans harnais ni fardeau

Ruant dans les embruns
La liberté retrouvée !
»

Une très belle « ritournelle » vocale conclut cette belle légende et cet instant est tellement beau et enjôleur que ce qui pourrait n’apparaitre que répétitif devient trop court…

Que dire, en plage 8, de « Hent noazh » (Chemin nu), magnifique piano/voix du compositeur Ouessantin Yann et du brillantissime chanteur léonard. En quelque sorte, un « classique celtique » !

Et, puis, stop ! Arrêtons-là ce qui pourrait apparaitre comme une énumération ennuyeuse et bien inutile, car vu la grande richesse du propos vocal et mélodique, nos commentaires se révéleraient bien incomplets, parcellaires et bien en deçà du niveau artistique constaté.
Il ya des moments où, pour paraphraser un autre éminant artiste breton, celtique qui en a fait, en 2002, le titre de l’un des ses albums instrumentaux, ce présent Compact Disc « Mil hent » est… « Au-delà des mots » !

Un dernier… mot, toutefois, pour souligner l’humour et l’acuité de l’artiste sur les faits environnementaux d’actualité qui, en plage 4, aborde avec ironie, mais, aussi gravité, la prolifération des éoliennes, en Bretagne, pays des abondants vents marins.

Nous laissons la parole à DENEZ qui, sur le livret, préface le texte de « Ar rodoù avel (Les roues à vent), de la façon suivante :
« Un grand danger nous menace ! Et si, à force de construire des éoliennes, un peu partout, en Bretagne, celle-ci finissait, un jour, par s’envoler ?
Plus sérieusement, ces machines que l’on nous fait croire comme étant écologiques contribuent, en fait, à la disparition progressive des oiseaux qui se font brutalement faucher, en plein vol par leurs grandes pales de métal
».

Cette pièce enlevée, au sein de laquelle vous reconnaitrez, très bien, le jeu de guitare de Jean-Charles GUICHEN, s’inscrit dans les séquences à danser qui figurent, également sur l’album en nous faisant réfléchir sur la multiplication abusive des éoliennes qui, sans nul doute, sur terre et bientôt en mer, griffent inesthétiquement les paysages bretons et présentent un réel danger pour les oiseaux.

Magistralement enregistré par Nicolas ROUVIERE et mixé par Nicolas et DENEZ au studio « Le chausson » à Plestin-Les-Grêves -22 (Voir), en 2017 et 2018, la facture finale, après mastering réalisé par Raphaël JONIN du studio JRAPH ING (Voir), est à la hauteur de l’excellence de l’expression artistique de DENEZ, de ses musiciens et invités.

Il est très aisé, pour nous, de, très vivement, vous conseiller, l’achat immédiat de ce superbe, exceptionnel album qui restera, le temps passant, dressé comme un menhir sur la lande de la création bretonne, celtique.
Ecoutez, ré-écoutez ce disque qui vous enchantera, toujours crescendo, à chaque passage. Imprégnez-vous de cette immense voix de la Bretagne avant d’aller voir, sur scène, DENEZ, dont le charisme pénètre tous les rangs des plus grandes salles ou des festivals d’été.

DENEZ, une incomparable voix bretonne et une voie de création enracinée et prospective, bien personnelle… pour la Bretagne !

Gérard SIMON


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Nous vous proposons d'écouter 3 extraits de l'album :
"Dans la rivière courante", "Marc'h*Ean (Cheval d'Ecume)", et "An tad-moualc'h kaner (Le merle chanteur)" (06:19).
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CD de DENEZ- "Mil hent - Mille chemins"
Parution : 16 mai 2018
Production et distribution :
COOP BREIZH : www.coop-breizh.fr
- Réf : 4016196

Les titres du CD "Mil hent - Mille chemins"

01 - Ar groazig aour - La petite croix d'or - 04:41
02 - An hentoù splann - Les chemins merveilleux - 03:46
03 - Va hent - Mon chemin - 03:18
04 - Ar rodoù avel - Les roues à vent - 04:05
05 - Dans la rivière courante - 06:31
06 - Marc'h-eon - Cheavla d'écume - 02:53
07 - Al labous marzhus - Loiseau prodigieux - 04:32
08 - Hent noazh - chemin nu - 04:44
09 - An tad-moualc'h kaner - Le merle chanteur - 05:45
10 - Ar marv gwenn - La mort blanche - 09:02
11 - Mil-hent-dall ar vuhez - Mille chemins aveugles - 02:53
12 - It da lavaret 'n he huñvre - Allez lui dire dans son rêve - 02:52
13 - Nij an erer - Le vol de l'aigle - 02:07


© Culture et Celtie

Illustration sonore de la page : DENEZ - "Mil hent - Mille chemins" - "Ar groazig aour" - Extrait de 01:10.
le site officiel de DENEZ : www.denezprigent.com

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