Brieg GUERVENO « 'Vel ma vin » : |
En marge des traditionnelles sonorités bretonnes ou celtiques ou des rythmes à danser que l’on retrouve, couramment, dans le répertoire des groupes de rock celtique ou de leurs ex-voix lead évoluant, à présent, en solo, Culture et celtie, l’e-MAGazine est, régulièrement, très heureux de vous proposer, sur ces pages en ligne, avec identique plaisir de découverte partagée, d’autres paysages mélodiques de fort belle et fine facture qui font, eux aussi, intégrante partie de l’évolution de la culture musicale actuelle, « made in Breizh » ! Surtout, lorsque la publication discographique présentée est, comme depuis toujours, pour cet artiste, entièrement, chantée en langue bretonne, ô combien représentatif élément identitaire, s’il en est ! |
« Hep Brezhoneg, hep Brezhoneg, « Sans langue bretonne, sans langue bretonne, chantait, dès 1973, Alan STIVELL dans son légendaire « Brezhoneg' raok », figurant sur l’album du harper hero breton, De surcroît, la langue usitée n’apparaît pas, ici, comme vecteur de quelconque militantisme, mais, tout simplement et naturellement, comme une expression textuelle et vocale logique, puisqu’il s’agit de la 2ème langue maternelle de ce brillant musicien et chanteur briochin, aujourd’hui, ancré, à quelques encablures du sud-ouest de Rennes, en Pays de Brocéliande. Ami visiteur et lecteur, rassurez-vous, nous sommes bien, de pleins pieds, en Bretagne et croyez nous, cette fresque musicale de très haute conception pourrait, encore mieux, se savourer lors d’un méditatif cheminement le long du Cap Sizun ou sur la pointe du Raz, en contemplant la mer d’Iroise, ou en arpentant les sentiers de traverse du Centre Bretagne. Ecrit, composé, chanté, joué par Brieg GUERVENO « ‘Vel ma vin » (Comme je serai), est le 4ème album d’un musicien qui, semblant avoir fait le tour de la fureur du métal, des effluves du rock 70’s ou du rock progressif, antérieurement, pratiqués au sein d’un groupe, styles desquels il reste, malgré tout, toujours imprégné, recherche, en solo, depuis quelques années, un nouveau visage, un nouveau virage durable, pas un détour, plus ambient folk, plus contemplatif, dépouillé, surtout plus profond, plus intimiste, voire introspectif. Pour cet opus, le format choisi par l’artiste est court : 34 minutes 55, 8 titres, dans la tradition des disques folk vinyl que Brieg affectionne avec une parution, certes, en fichiers numériques, en Compact Disc, mais aussi, en LP 33 tours. Ainsi, vous le constatez, l’image physique et sonore référente des années 70, est préservée. A l’exception de la deuxième plage, titrée « An Treizh », musicalement cosignée avec Yann LIGNER et Guillaume BERNARD du groupe KLONE qui sont, à l’issue d’un concert parisien où Brieg assurait, en solo, sa première partie, les convaincus incitateurs au projet personnel du chanteur et guitariste breton, toutes les mélodies sont créées par ce talentueux auteur compositeur interprète. La jaquette précise : Tous les morceaux ont été écrits, arrangés et produits par Brieg Brendan GUERVENO, sauf les paroles de « Em digenvez », écrites par Anjela DUVAL et les vers de la chanson « Tra ma vo », écrits par Nolwenn KORBELL. En effet, Nolwenn KORBELL, autre naturelle locutrice convaincue et convaincante de la langue bretonne intervient, vocalement, précisément sur ce 6ème titre, susnommé et sur l’atmosphérique « Ur wech adarre » qui lui fait suite. Souhaitant maintenir au minimum les arrangements, Brieg a limité ses compositions à l’emploi de guitares acoustique et électrique, d’un violoncelle, d’un piano et de claviers qu’ils soient orgue ou mellotron. C’est, ainsi que l’on retrouve, autour du chanteur qui est, lui-même aux guitares folk et électrique, aux claviers et tambourin : Coproducteur du disque, Joachim BLANCHET a, par ailleurs, au studio de Trébrivan (22) « Ty an Park studio » (Voir site), enregistré et mixé, avec acuité et belle mise en place, toutes les pièces qui constituent l’opus. Le mastering a été réalisé par Sébastien LORHO au Near Deaf Experience Studio (Voir site). Fidèles et attentifs lecteurs de nos chroniques en ligne, vous pouvez constater, qu’au travers de tous ces noms, précédemment, énoncés qu’il ne faut jamais oublier, lorsqu’une production, comme celle-ci, est peaufinée, artistiquement et techniquement aboutie, que nous sommes, avec ces musiciens, en pays… armoricain… de connaissance. Présentant une belle et confortable homogénéité, allant du sombre au rayonnant, qui pérennise, parfaitement, tout au long du programme, une ambiance onirique, atmosphérique, éthérée, on ne peut, toutefois, évoquer la structure d’un album concept, ni dans la façon, pour Brieg, d’édifier ses pièces musicales, ni dans leur contenu. De « ‘Vel Pa Vefemp », à « Em Digenvez » en passant par l’instrumental « Litoriennig », chaque poétique pièce a son propos, son univers, son atmosphère spécifique. « ‘Vel Pa Vefemp » (Comme si), avec une belle nappe introductive de programmation, rejointe par les classiques et concertantes notes du piano sur lesquelles viennent se poser la voix nuancée de Brieg, le disque s’ouvre sur cette très prenante mélodie qui semble avoir pour rôle immédiat de dépeindre l’univers aérien dans lequel on va, langoureusement, se suspendre… |
« Ha miret t'eus ganit hon hunvreoù strewet ? Ha miret t'eus ganit hon hunvreoù strewet ? 'Vel pa vefemp o c'hedal hon nozioù glan, |
« Avez-vous gardé à l'esprit les rêves que nous avons dispersés ? Nos sentiers cassés ont disparu, Comme si nous attendions nos nuits si pures |
Brieg GUERVENO © Photo Guillaume Magré Guilberteau |
Musicalement, la voix de Brieg aidant à ce possible rapprochement, on peut retrouver les spires mélodiques des Moody Blues, qui s’échappent, notamment de leur album symphonique « The days of future past » Dès ce premier titre, l’auditeur est, irrésistiblement séduit, capté, enrôlé. Le deuxième titre « An Treizh » (Le transit) est presque, par exception, dans l’habituel propos Brieg GUERVENO, plus engagé sur l’un des sujets de société puisqu’il parle du traitement des migrants. |
Dans le registre des sujets de société, plus précisément, en ce qui concerne la maltraitance de la planète et la question environnementale, Brieg GUERVENO aborde, également, à la manière d’une « protest-song », l’aspect écologique avec, en plage 4, « Petra zo bet » (Que s’est-il passé ?). Si nous sommes, dans notre propos, passés de la piste 2 à 4, ce n’est que par souci thématique. Nous n’avons pas oublié la beauté du 3ème titre, « Ar Sekred » (Le secret), peut-être le plus « celtique », avec la voix mystique de Brieg qui ondule sur la ligne profonde du violoncelle et la guitare du chanteur qui peut évoquer une harpe du même nom, alors que des spires venteuses émanant des claviers, concluent cette évocation quasi-mystique. « Serr da zaoulagad, « Ferme tes yeux Un trop court, mais sublime instrumental, « Littoriennig », aux sonorités teintées de baroque vous attend, à mi-parcours du programme, en piste 5. Quel suave échange entre guitare et violoncelle qui transpercent le sombre pour atteindre la lumière, comme un soleil qui se lève sur l’horizon d’un océan alourdi d’une chape de lourds nuages. Ma-gni-fique ! « Tra ma vo », le poétique texte de Nolwenn KORBELL, semble abonder en ce sens. « Tra ma vo deus ma zreid o vont barzh ar mor, an traezh, 'Oaran ket pelec'h mañ ar fin hag ar pezh a chomo diouzhin met goud mat a ran adc’hano ar vuhez warlec'h an tan. » « Tant que mes pieds me portent vers la mer, le rivage, Je ne sais pas où ça finit et ce qui restera mais je sais que la vie chantera à nouveau une fois le feu éteint. » La belle voix, bien reconnaissable de Nolwenn répond, puis fusionne, merveilleusement, avec celle de Brieg sur un crescendo de déchirements électriques et des effets sur les voix qui terminent la pièce, en apothéose. Echappant à l’ambient folk qui imprègne la majeure partie des titres de l’opus, un très ensorcelant éthéré et quasi-symphonique titre, « Ur Wech Adarre » (Encore une fois), vous attend en piste 7. Brieg GUERVENO en a décidé, autrement, en nous proposant, presque comme un rappel, à la fin d’un concert, un texte de la célèbre poétesse bretonne, native, à l’époque, des Côtes du Nord, devenues en 1990, Côtes d’Armor, Anjela DUVAL et mis en musique par le chanteur et guitariste. …/.. …/… Nous vous conseillons, plus que vivement, ce magnifique album qui, peaufiné par l’artiste, durant deux hivers, vous offre un véritable plan séquence au travers de paysages sonores mélancoliques, méditatifs, mystiques, souvent sombres, mais éclairés par des interventions de guitares d’une remarquable beauté et délicatesse, qu’elles soient acoustiques ou électriques. Pour ceux que l’on nomme séniors qui ont, comme nous, connu ces années 70 de très riche création musicale où les guitares électriques les plus échevelées parvenaient, en authentique cohérence, à s’accorder avec les orchestres symphoniques des plus titrés, belles lignes mélodiques obligent, c’est un bonheur de retrouver, dans « «’Vel ma vin » ces sonorités et ses architectures, si bien travaillées. Nous attendons, la tournée durant laquelle Brieg GUERVENO, proposera « ‘Vel ma vin », selon plusieurs formules, solo, duo, quatuor, voire, ou sextuor. Mersi bras, Monsieur Brieg GUERVENO de nous avoir adressé votre enregistrement qui véhicule la qualité vocale et musicale, notamment, guitaristique, une actuelle et brillante création qui honore la Bretagne ! Gérard SIMON |
NB : Les traductions des textes, initialement chantés en breton, on été réalisées avec le traducteur Google à partir de leur version anglaise figurant sur la page du site de Brieg GUERVENO, en regard de 5 des 8 titres (Voir la page). Il peut en découler certaines approximations dont vous voudrez bien nous excuser, le sens global primant. |
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Nous vous proposons d'écouter un medley de trois titres extraits de l'album : "Petra zo bet", "Litoriennig" et "Ur wech adarre" - (07:44). |
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Les titres du CD de Brieg GUERVENO « 'Vel ma vin » : 01. Vel pa vefemp (Brieg GUERVENO) - 05:38. Durée totale : 34:55. |
CD de Brieg GUERVENO « 'Vel ma vin » : |
© Culture et Celtie |
Illustration sonore de la page : Brieg GUERVENO "Vel pa vefemp" - Extrait de 00:57. Le site Internet de Brieg GUERVENO : www.briegguerveno.com |