Page sonorisée


KREIZ BREIZH AKADEMI #7
"Hed"
La page de KBA#7 sur le site de l'association DROM

Il est des albums que l’on aime, particulièrement, en service de presse, recevoir à notre rédaction, en sachant, rien que par le nom figurant sur la jaquette, que la publication sonore proposée suscite, nécessairement, un fort intérêt d’écoute.

La notoriété de la « griffe », même si elle ne doit jamais occulter, le prime et relatif anonymat d’autres révélations naissantes, éveille, souvent, malgré tout, à notre corps défendant, un à priori favorable.

Pensez donc, lorsqu’il s’agit de « KREIZ BREIZH AKADEMI » !
La « marque » est, tellement liée à l’enracinement respecté et à l’évolution, parfaitement maîtrisée, de la musique bretonne !
Si, de surcroît, la fiche de presse, accompagnant le nouvel opus, mentionne, bien évidemment dans ce contexte créatif spécifique, pour la direction artistique, le nom d’Erik MARCHAND, l‘initiateur de cette « AKADEMI » qui génère, à présent, depuis sa fondation, en 2003, cette 7ème promotion, référents prénom et nom associés


au parrainage et aux interventions artistiques d’André LE MEUT, notre fébrile envie de découvrir, s’accroît, encore, comprenant que nous avons rendez-vous avec la qualité et la novation contrôlée.
Rappelons qu’au travers de « KREIZ BREIZH AKADEMI », Erik MARVHAND a initié un programme de formation professionnelle musicale pour de jeunes interprètes bretons, dans le but de promouvoir les cultures populaires de tradition orale et la musique modale.

Ce Compact Disc de « KREIZ BREIZH AKADEMI #7», intitulé « Hed », se décline en 12 titres, soit en plus de 58 minutes d’enregistrements réalisés live ou dans les conditions du live, au Family de Landerneau (29), à la Grande Ourse de Saint Agathon (22), à la salle Guy Ropartz de Rennes (35) et à L’Océanis de Ploemeur (56), durant les concerts et les répétitions qui les ont précédés.
D’où la présence d’applaudissements, à la fin de certains morceaux.
Jean-Yves LAFONTAINE signe les excellents enregistrements et mixages.

Au-delà du titre de l’album, « Hed » est le nom que s’est choisi le 7ème collectif de « KREIZ BREIZH AKADEMI ».
L’un des nombreux sens du mot hed est, l’essaim… notamment, d’abeilles.
« Nul doute que cette proximité avec l’essaim est autant liée au travail acharné et communautaire de la ruche, qu’au bourdonnement que toute personne ayant entendu un bagad au moment de l’accord ne peut oublier », précise Erik MARCHAND qui préface le livret d’une dizaine de pages, glissé dans le digipack qui contient le disque.

Ce très intéressant et indispensable document, reprend, titre par titre, le programme présenté, avec, bien entendu, la mention des auteurs, mais, aussi l’origine des pièces et les idées directrices des textes chantés et imprimés en breton, ainsi que certaines indications quant à l’écoute de quelques morceaux gravés, séparés sur plusieurs pistes, mais qui doivent être pensés, abordés ensemble, comme, pour exemple, la suite de danse Plinn, en trois parties (Plages 8-9-10).
Ces feuillets reliés sont très pédagogiques et révélateurs du travail de fond réalisé par l’ensemble musical constitué.
Après, « Norkst », premier CD d’un premier collectif étoffé et hétéroclite (2004), « Izhpenn12 » (2007) qui « travaillait » les cordes et flutes, « Elektridal » (2011), les instruments électriques, « Lieskan » (2014), le chant, 5ED Round (2016), les cordes frottées, « Pobl ‘B’ar Machin(e) » (2018), l’électro, ce présent « Hed » prend pour thématique, cornemuses, bombardes et percussions, instruments traditionnels du bagad.

Mais un bagad revisité, fusionnant avec le chant, les sections de cuivres et la couleur de quelques spécifiques notes émises par certains sonneurs de couple, les sonneurs de Treujenn-Gaol (*) et l’immense majorité des chanteurs.
Sur ce thème du « Bagad élargi », 18 musiciens, sélectionnés après casting, ont, ainsi, travaillé durant plus d’un an au contact d’artistes du monde, spécialistes internationaux de la musique modale contemporaine d’Inde, du Proche Orient, des Balkans, mais également venus du jazz, pour élaborer un son où s’entremêlent improvisations modales et rythmes complexes pour une musique, à la fois, bretonne et universelle.



KREIZ BREIZH AKADEMI #7 © Photo d'Eric LEGRET.

Pour atteindre ce but, ils ont, ainsi, collaboré avec une douzaine d’intervenants, parmi lesquels, le saxophoniste de jazz, François CORNELOUP, l’auteur-compositeur-interprète franco-algérien et joueur de oud, Mehdi HADDAB, le clarinettiste klezmer français, YOM, le compositeur, interprète maître luthiste, mais aussi, joueur de qânoun et de flûte Nay, par ailleurs, luthier et professeur diplômé d'état, en musique traditionnelle, Iyad HAIMOUR, le saxophoniste, clarinettiste et compositeur de jazz français, Sylvain KASSAP, le compositeur et improvisateur français, guitariste et joueur de buzuq et de oud qui a développé un répertoire musical original se rattachant au monde méditerranéen, aux confluences des cultures gitanes, orientales et européennes, Titi ROBIN…

C’est dire, en ne citant que ces quelques noms, la qualité, la richesse et la pluralité des influences, des inspirations qui ont teinté le projet final !


Il est temps de vous présenter ces 18 « sociétaires de l’AKADEMI » et de découvrir la structure des pupitres de cette 7ème édition et formation :
Chant : Elodie JAFFRE, Axel LANDEAU.

Bombarde : Ivonig LE MESTRE.
Bombarde, trompette : Louri DERRIEN.
Bombarde, saxo : Simon FROGER.
Bombarde, saxo, chant : Yann-Ewen L’HARIDON.
Bombarde, saxo, clarinette : Thomas GALERON.

Cornemuses : Ewen COURIAUT, Yeltaz GUENNEAU, Jordane GUILLOUX, Ronan LE BOZEC.

Trompette, clarinette, biniou, bombarde Alan LETENNEUR.
Trombone : Sophie JOBERT.

Guitare à frets mobiles Ignacio NAON.
Basse fretless : Dina RAKOTOMANGA.

Caisse claire, tambour : Alan LE BOZEC.
Caisse claire, percussion, basse, autres percussions : Clément CHAUVET, Yvon MOLARD.

11 des 12 morceaux du programme sont issus de thèmes traditionnels de la musique populaire de Basse Bretagne, auxquels ont été ajoutés des éléments de composition qui sont, soit proposés par les intervenants extérieurs, soit par les membres du collectif.
Des morceaux glanés, sous la houlette d’Erik MARCHAND, dans les collections de DASTUM.
Le collectif a écouté et analysé tous ces enregistrements et a ressorti de très belles versions aux complexes et riches arrangements.

Le défi s’est révélé de taille, car depuis de nombreuses années, le bagad s’est créé un certain académisme avec bon nombre de certitudes, de règles, de rigueurs.
La difficulté pour « KREIZ BREIZH AKADEMI #7 » a donc été de dépasser ce cadre, devenu, ça et là, quelque peu, conformiste.
Pour cela, le collectif a, par exemple travaillé avec le luthier morbihannais, Tudual HERVIEUX, afin de pouvoir jouer des quarts de ton.

Toutes ces recherches musicales, ces approches artistiques, culturelles, ce travail de fond ont, sans nul doute, abouti à l’enregistrement d’un superbe, passionnant, ample album où l’on dégustera le jeu puissant, mais subtil des cornemuses et des bombardes, les cadences frétillantes et précises des batteries, mais également, comme presque chaque intervenant, comme vous avez pu le constater, dans la distribution, mentionnée plus haut dans notre chronique, maîtrise plusieurs instruments, les larges interventions ou les lignes de flûte traversière, trompette, trombone, saxophone, percussions diverses et variées, guitare électrique et basse.
Quel spectre instrumental !

Mais n’oublions pas de mentionner, tout au long du programme, les deux excellents chanteurs Elodie JAFFRE, à la voix si pure, en plage 4, dans « Witch of Endor (Ololé) » et Axel LANDEAU voix puissante qui se confronte aux entêtants cuivres dans le morceaux, peut être, le plus prospectif du disque, en plage 11, « Bolom kozh ».
Tous deux, c’est évident, s'expriment en langue bretonne, que ce soit pour le kan ha diskan ou la gwerz.

Nous vous conseillons, bien évidemment, l’acquisition de ce brillant opus qui met en valeur des thèmes locaux parfois se révélant être proches des autres musiques modales du Monde.

Les aficionados du Bagad seront comblés, car ils percevront qu’en transcendant son « identité originelle », cette formation qui, au fil des années, sur la forme, a ouvert son registre culturel à d’autres couleurs musicales, voire, parfois, à d’autres instruments complémentaires, sur le fond, parvient à pratiquer les subtilités des phrases des chanteurs et chanteuses de Basse Bretagne.
De son côté, le jeu « à l’ancienne » des sonneurs de couple peut s'adapter à un jeu d'ensemble pour 18 musiciens.
C’était, entre autre, au travers de la création de cet album « hed », le défit que s’était fixé « KREIZ BREIZH AKADEMI #7».
Pari, complètement réussi !

Vous retrouver, ainsi, savamment revisités, re-créés des thèmes vocaux et instrumentaux provenant majoritairement du « Pays Vannetais » et du « Centre Bretagne », portés jusqu'à nous par de grands interprètes de la musique populaire bretonne, comme, entre autres, Christian et Catherine DURO, Herri RUMEN, les sœurs GOADEC, Les sonneurs Le GALL et Le NOUVEAU, Eléonore PROVOST…

Cet excellent CD « Hed » le prouve, une nouvelle fois, « KREIZ BREIZH AKADEMI’, est, décidemment, l’un des plus fertiles creusets de la musique bretonne.

Gérard SIMON
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(*) Historiquement, "Treujenn Gaol" (« Trognon de chou », en breton) a été le surnom donné aux premières clarinettes arrivées en Bretagne, à cause de leur forme évoquant, un trognon de chou.
Les Bretons ayant l'habitude d'utiliser des sonneurs pour l'animation des événements sociaux festifs, dans des environnements parfois bruyants (Mariages, foires, marchés et autres), les sonneurs de clarinette ont développé un jeu adapté à cette utilisation, évoquant celui de la bombarde) avec des attaques mordantes, toujours dans le registre aigu de l'instrument, dans l'optique d'obtenir un puissant volume sonore.
Actuellement, quand on parle de « Treujenn Gaol », on parle plus de cette façon de jouer que de l'instrument lui-même, car même si les clarinettes ont évolué depuis, et que la plupart des sonneurs utilisent des clarinettes modernes, ce type de jeu typiquement breton, avec un son puissant, allié à des attaques mordantes, est resté le même.
En définitive, une phrase qu'on entend souvent dire résume très bien tout ça :
« Le Treujenn Gaol, c’est la clarinette qui parle breton !»
(Source Les sonneurs Tchock - www.tchok.kazeo.com).



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Nous vous proposons d'écouter un medley de 3 extraits de l'album :
« Gavotenn mod Pourlet », « Ar Berlenn » et
« Teir flac'h yaouank a Blusulian -Ton diwezha#n » - (06:48).
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Les titres du CD de KREIZ BEEIZH AKADEMI #7 - " Hed ".

01 - Gwahañ micher - 05:08
02 - Teñva| eo an noz - 5'30
03 - Gavotenn mod Pourlet - bep ma paseaan er gêr-mañ - 03:38
04 - Witch of Endor - ololé - Pibroc'h - 8:21
05 - Last round - Re an tremen diwezhañ - 4:29
06 - Margaredig - 05:39
07 - Ar Berlenn - 05'14
08 - Ar miz eost 1914 -Ton kentañ Plin - 04:30
09 - Ar paour hag ar pinvidig - Ton bal - 02:07
10 - Teir flac'h yaouank a Blusulian -Ton diwezha#n - 05:29
11 - Bolom kozh - 03:24
12 - Ar sac'h lêr - 04:46

Durée totale / Padelezh hollek : 58:24


CD de CD de KREIZ BEEIZH AKADEMI #7 - " Hed ".
Parution : 13.09.19.
Production : Association DROM Distribution : COOP BREIZH
Référence : 4016335.
 

© Culture et Celtie

Illustration sonore de la page : CD de KREIZ BEEIZH AKADEMI #7 - " Hed ".
"Gwahañ micher" Extrait de 01:04.
La page de KBA#7 sur le site de l'association DROM


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