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Marie-Aline LAGADIC et Klervi RIVIÈRE "Le chant des sardinières" et "Tout le monde sur le pont". |
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Cette présente, double, pédagogique, historique, captivante publication littéraire et sonore que nous vous présentons sur cette page en ligne, prend pour origine la parution antérieure de deux substantiels disques par lesquels les chanteuses, Marie-Aline LAGADIC, petite-fille d’une sardinière de Saint-Guénolé et sa fille, Klervi RIVIERE, se sont révélées au public. En effet, en majeure partie, nourris d'un répertoire collecté auprès des femmes de leur famille, les deux bigoudènes ont publié et magnifiquement interprété, en breton, mais aussi en français, des chants gravés sur deux albums musicaux, titrés « Le Chant des sardinières » et « Tout le monde sur le pont !». Consacré aux chants des ouvrières des conserveries de poisson du Pays bigouden, connaissant un succès immédiat à sa sortie, générant, même dans son sillage, une large tournée, aujourd’hui, introuvable le premier opus édité en 2006, est, l’année suivante, primé « Coup de cœur du Jury de l’Académie Charles Cros ». |
A l’époque, déjà, il est envisagé d’écrire un livre qui accompagnerait cette mémorielle bande-son, mais le projet reste dans les cartons. « Le Chant des sardinières » évoque, bien évidemment, lors de l’hiver 1924, l’emblématique et victorieuse lutte des « penn-sardin » (« têtes de sardines »), nom des ouvrières des conserveries de Douarnenez que, par extension, l’on donnera, pour leur forme, à leur coiffe. En 2016, le second disque susnommé est diffusé par Coop Breizh. Le premier CD titré « Le chant des sardinières » s’ouvre, délicieusement, émotionnellement, authentiquement, avec un document chanté a capella, par une aïeule voix, rappelant à nos oreilles plus contemporaines, l’expression vocale des Sœurs GOADEC. C’est le pianiste quimpérois, François GOUZIEN, co-titulaire, pour cet opus, du Coup de cœur de l'Académie Charles Cros 2007, par ailleurs, Premier prix du disque « produit en Bretagne » qui, au fil de l’enregistrement, accompagne les deux remarquables chanteuses bigoudènes, cosignant avec celles-ci, certains arrangements. Dès le deuxième titre, « Ar Merc’hed yaouank - Les jeunes filles », oubliez toute mélancolie. Ces deux plages vous donnent, à elles seules, un prime et représentatif aperçu de l’alternance et de la variété des ambiances, des sujets véhiculés, tout au long du disque, par des mélodies et des paroles bilingues breton/français, souvent, simultanément usitées au sein de la même pièce. Puisque nous avons nommé les deux musiciens qui entourent, de près, les chanteuses, temps est venu de nommer les choristes : Josette CALVEZ et Erell TALLEC. Il faut dire que la présence des deux instrumentistes et des voix additionnelles apporte beaucoup de texture, de couleurs, de volume, à l’interprétation originelle de tels chants qui revêtent, souvent, dans le style traditionnel, un aspect mélodique récurrent. C’est, notamment, le cas pour « Pa voen ba’ »Brema ti ma mamm - Quand j’étais chez ma mère ». [.../...] [.../...] « Coté Chœurs », qu’il s’agisse des chants de lutte ou de mélodies plus festives, ils soulignent le côté collectif de l’expression vocale. Outre l’aspect, documentaire, historique, sociologique, ces 14 pièces revêtent un intérêt musical certain, très bien produit et présentant, durant 50 minutes, un aspect particulier de la musique et chanson bretonne et para-maritime, qui ne découle ni de la veine néo-celtique ni de la houle du chant de marins, mais, sur un siècle de création, du registre des chants traditionnels d’ouvrières en basse Bretagne, comme le précise le sous-titre donné au programme. Parmi les chants qui figurent sur l’opus, sa 9ème plage vous propose une chanson anarchiste particulière, datant de la Belle Epoque, non initialement liée au conflit breton, mais née au cours de mouvements sociaux. Il s’agit de la chanson de lutte sociale « Saluez riches heureux », alors considérée comme une expression vocale interdite. « Chaque matin, au lever de l’aurore, « Saluez riches heureux, Le second disque « Tout le monde sur le pont ! », sous-titré « Chansons de fête en pays bigouden », est, comme ce nom donné en appendice, résolument, plus enjoué, plus résilient, dirait-on, aujourd’hui, malgré le contexte de la « crise de 29 », partie des Etats-Unis qui se diffusera dans le monde entier sous la forme d’une grande dépression économique et sociale généralisée, prémices annonciateurs de la seconde guerre mondiale. L’entre-deux-guerres marque le temps d’un changement de monde. C’est la fin du village et l’avènement de la vie citadine. La société se prolétarise. Les nouvelles sciences et techniques bouleversent l’organisation sociale. Les ouvrières et ouvriers se libèrent du poids de la communauté et de la morale religieuse. On s’adapte, on mêle les parlers locaux au français, les tenues vestimentaires se modernisent... Artistiquement produits, enregistrés et mixés par le guitariste, compositeur, arrangeur et réalisateur briochin de naissance, quimpérois de résidence, Patrice MARZIN (Gérard MANSET, Hubert-Félix THIEFAINE) cité, à plusieurs reprises, sur nos pages en ligne, auprès de Jean-Charles GUICHEN, Soïg SIBERIL, Nolwenn KORBELL, GWENNYN… ce sont, aussi, 14 titres qui nous sont proposés par les deux talentueuses et expressives chanteuses Marie-Aline LAGADIC et Klervi RIVIERE. Pour cet opus, la distribution musicale est plus conséquente. Co-signant nombre d’arrangements avec les deux chanteuses, présent sur l’album « Le Chant des sardinières », nous retrouvons, nénamoins, Alain TREVARIN, à l’accordéon, mais aussi, de nouveaux instrumentistes et pas des moindres : |
![]() Klervi RIVIÈRE et Marie-Aline LAGADIC - © Photo Eric Boffy |
Ce second disque débute par un très court « Charivari - pot pourri », d’à peine plus d’une minute, où l’accordéon et la guitare accompagnent les véloces et nuancées voix des deux chanteuses bigoudènes, interprétant, sur une virevoltante mélodie, un texte truffé de langaj chon, argot local inventé par les tailleurs-brodeurs de Lambour, quartier ouvrier situé sur la rive gauche de la rivière de Pont-l’Abbé, afin de n’être compris de personne d’autre qu’eux-mêmes. Une grande partie du vocabulaire, de plus, osé, apparaît, de la conjonction de ces deux faits… et, certainement, par pudeur, intraduisibles. De nombreux sonneurs qui se sont professionnalisées et gagnent, très bien leur vie, habitaient ce quartier singulier. |
Ce seront, avec la dernière plage « Gavotte bigoudène, créée arrangée et jouée par le Bagad CAP CAVAL, les seules sonorités intrinsèquement traditionnelles que vous entendrez. Dans une ambiance de bal, la suite du programme, nous vous l’avons indiqué plus haut, est, très largement teinté de musette aux accents de jazz et, tout simplement, de chansons narratives qui dépeignent les évolutions des us et coutumes de l’époque, dont les deux marqueurs principaux sont les costumes et la musique. « La bigoudène de Pont-l’Abbé », apparait enjouée, délurée. Elle travaille, assume sa condition de femme, s’en octroie les droits bien en amont de leurs reconnaissance officielle. Pour oublier sa condition de petite ouvrière, elle s’amuse, ouvertement, presque, ostensiblement. [.../...] Chanté, intégralement en breton, c’est au travers des paroles du 4ème titre, dénommé « Ar Beloioù - Les vélos », daté des années 50, que nous découvrons les effets de la mode qui interviennent, aussi bien, dans cette nouvelle façon libre et individuelle de se déplacer… et de posséder, que, pour femmes et hommes, de nouvellement, s’habiller. |
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Une autre chanson, titrée « Pont-l’Abbé Lambour » évoque les bretons du XXème siècle émigrés à Paris, où ces réputés « durs à la tâche » recherchant du travail en période de crise, étaient, par leurs patrons citadins, méprisés. […/…] Un autre titre laisse filtrer une certaine nostalgie de moments de jeunesse passés en Bretagne, comme dans « J’ai voulu revoir ma Bigoudène » : [… /…] Suivent, entre autres, le récit des tribulations festives et généreusement arrosées du Maire des Glénans arrivant à Loctudy, plus loin, l’infortune d’un maître de ferme que sa femme trompe avec le grand valet, puis l’attachement de chaque « bande » à son quartier ou, encore, la cavalcade du lundi de Pâques, en 1897, à Pont l’Abbé. Vous le remarquerez, ces airs nouveaux sont souvent chantés, intégralement, en Français, mais aussi, d’un vers à l’autre, dans les deux langues, breton/français. En effet, comme le mentionne Marie-Aline LAGADIC, à la page 74 de la deuxième partie de son livre qui accompagne les deux albums musicaux : Puisque nous évoquons le très esthétique et excellent ouvrage qui chapeaute et enrichit, considérablement, les deux enregistrements musicaux, il est temps de vous le présenter, sans réitérer le contenu qui reprend, bien évidemment, les quelques aspects, musicalement et précédemment, évoqués, mais tellement plus et bien mieux que nous pouvons, sommairement, l’approcher, au travers d’une simple chronique. Ce « beau livre » est très richement illustré par une centaine de photographies issues de collections privées et muséales. Chaque chapitre est introduit par une présentation complète précisant le contexte historique et sociologique des époques traversées. L’ouvrage présente les partitions et les textes des chants qui figurent sur les deux albums sus-évoqués et enregistrés avec grande présence, par Marie-Aline LAGADIC et Klervi RIVIERE. Bien sûr, c’est l’un des buts majeurs de cette chronique, nous vous recommandons, « doublement », surtout, plus que jamais, pour votre bibliothèque ET discothèque, cet excellent ouvrage littéraire et sonore, puisque celui-ci est accompagné des deux Compacts Discs constituant les plus de 90 minutes d’un programme musical global de 28 chants, de haute volée vocale et instrumentale. Une aubaine, puisque, notamment, le premier enregistrement dénommé « Le chant des Sardinières », est, à ce jour, introuvable. Cette double publication est d’une richesse exceptionnelle. Elle fourmille de références originelles, de détails historiques, sociaux, économiques, sociologiques précis, mais, aussi, d’anecdotes, en tous cas… de vécu ! En breton et en français, au travers des joies, des drames et de la colère sourde des filles d’usine du littoral bigouden, il dévoile tout un pan de l’histoire bretonne côtière et sardinière. Gérard SIMON. |
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Nous vous proposons d'écouter un medley de 3 extraits issus des 2 opus : - De l'album "Le Chant des sardinières" : "Pa voen ba'ti ma mamm". - de l'album "Tout le monde sur le pont" : "Kaourintin Bouzar" (gavotte) et "Paotred an Dachenn" - (06:46). |
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Les titres du CD n°1 "Le Chant des sardinières", de Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière. Chant : Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière. 01 - Ar plac'h iferniet / La fille en enfer - 05:51. __________ Les titres du CD n°2 "Tout le monde sur le pont", de Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière. Chant : Marie-Aline Lagadic, Klervi Rivière. Production artistique, prise de son, mixage : Patrice Marzin. 01 - Charivari / Pot pourri - 01:07. |
CD1 "Le Chant des sardinières" et CD2 "Tout le monde sur le pont" |
© Culture et Celtie |
Illustration sonore de la page : Marie-Aline Lagadic et Klervi Rivière - Album "Le Chant des sardinières" : |