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Didier SQUIBAN : Ydill. |
« Je dédie, particulièrement, cet album à quatre grands qui nous ont, hélas, quittés : Kristen NOGUES, Jean CHEVALIER, Yann-Fañch KEMENER et, tout récemment, Jacques PELLEN. » C’est par ces mots qui résonnent reconnaissants et attristés que le célèbre compositeur et pianiste breton, Didier SQUIBAN, préface son nouvel opus, produit par lui-même, distribué par Coop Breizh et titré, avec facétie, entre français « idylle » et anglais « idyll »… « Ydill » ! « Ydill » : Comme une rencontre éphémère de jeunesse et sans conséquence ! Espiègle notation, en trompe l’œil, en « trompe oreille », malicieusement insufflée par le très sympathique pianiste qui, on le sait, ne manque jamais d’humour ! |
« Ce disque représente, pour moi, tout le contraire ! Chaque rencontre est importante, durable et conséquente », ajoute, immédiatement, derrière la précédente et prime boutade, le musicien ploudalmézien. « Ydill » propose 15 titres, 15 des plus beaux duos ou trios extraits du conséquent et varié répertoire de l’artiste, avec 3 titres totalement inédits, écrits, initialement, pour Thalassa et Océanopolis et 12 autres que l’on peut qualifier de quasi inédits. In fine, il s’agit d’une touchante rétrospective en compagnie de 16 musiciens qui ont compté pour le virtuose du clavier, 13 instrumentaux et 2 vocaux, tous composés et arrangés par lui-même, à l’exception de « Valdez » (1), co-écrit avec Jean CHEVALIER, « Pedenn » (10), composé par Gilles LE BIGOT et « Femmes de Ouessant » (14), poème du, bien trop jeune, disparu, René-Guy CADOU (1920-1951), breton de Loire-Atlantique (44-Bzh), un texte mis en musique par Manu LANN HUEL. La majorité des morceaux choisis pour cette présente publication figurait sur les premiers albums du pianiste armoricain. Alors, écoutons avec gourmandise, ce piano aux sonorités et rythmes si personnels bien reconnaissables qui prennent vie sous les doigts magiques du créatif compositeur. Ce n’est donc, qu’en piste 2, avec « Ballenas », également écrit pour Océanopolis, que vous retrouverez Didier SQUIBAN au clavier d’un piano bien ponctué qui entre, notamment, en parfaite communion avec les claves de Jean CHEVALIER, instrument de musique de percussion idiophone très ancien, puisqu’ apparaissant, à Cuba, vers le XVIème siècle. Si, le nantais Jean CHEVALIER, dit « Popof », batteur, percussionniste, saxophoniste et clarinettiste, figure incontournable de la scène jazz, allant du jazz-rock à la world indienne, apparait, en subtil accompagnement, dans les deux morceaux précités, écoutez-le, dans toute sa plénitude instrumentale, avec cette composition à trois temps, dénommée « Eussa », en littéral dialogue, son enjôleur saxophone soprano, divinement enrobé des notes acidulées de la harpe acoustique de Kristen répondant aux volutes soyeuses du piano de Didier SQUIBAN, morceau enregistré, sans public, au Quartz de Brest. Nous ne poursuivrons pas, abusivement, cette chronique par un discours qui pourrait apparaitre redondant, récurrent, eu égard à la richesse de ce que nous disent, déjà, et tellement mieux que nous-mêmes, les compositions de Didier SQUBAN, toujours magistralement servies par d’excellents musiciens. Mais laissez-nous, néanmoins, vous dire, qu’au fil de ce voyage rétrospectif où le piano reste l’élément majeur, mais partageur, vous dégusterez, en plage 5, avec « Jackie’s tune », le son incomparable de l’uilleann pipe de Ronan LE BARS qui survole la profonde ponctuation mélodique du piano de Didier, avant de laisser place à la ronde ligne de guitare de Nicolas QUEMENEUR, et de reprendre finale prédominance au sein d’un brillant trio empreint de mélancolie. Côté chant, avec, en piste 6, « Gavotenn : Ar martolod Youank », on retrouvera, Dieu sait avec quelle émotion, la voix unique de l’immense et, tellement regretté, Yann Fañch KEMENER qui, en mars 2019, a emporté ses gewerzoù et ses chants à danser vers un probable Tír na nÓg céleste. |
Didier SQUIBAN © Photo Sébastien Hervé. |
Ce fut une rencontre plus que marquante qui s’est concrétisée, plus particulièrement, par trois étroites collaborations discographiques qui en découlèrent : « Enez Eusa » (1995), « Ile exil » (1995) et « Kimiad » (2006). « Une rencontre qui a changé ma vie », avoue, volontiers, le pianiste. |
En plage 14 d’« Ydill », un autre timbre, se fait entendre, dans un existentialiste duo piano-voix, avec Manu LANN HUEL, auteur-compositeur-interprète et poète breton, de langue bretonne et française qui met ses propres textes en musique, mais aussi, ceux de René-Guy CADOU, de Léo FERRE, et de Pierre-Jakez HELIAS. Pour notre part, nous avions découvert sa granitique et prenante voix, dans l’enregistrement classico-celtique « Symphonie Iroise », œuvre signée de Didier SQUIBAN, en dialogue pianistique avec, dirigé par Alain ALTINOGLU, l’Orchestre National de Bretagne et publié, en 2004, chez Loz Production. Pour le présent « Ydill », il chante le poème « Femmes d’Ouessant », de René-Guy CADOU, titre qu’il avait enregistré sur le même opus « Ile-elle ». « Un soir de pauvreté comme il en est encore Avec « Ydill », Didier SQUIBAN nous propose un CD passionnant, baigné de forts contrastes d’ambiances, passant d’instants de frénésie à des moments mélancoliques et fondé sur des styles musicaux très différents, mais par le jeu et la sensibilité du musicien, parfaitement compatibles, fusionnels… En un mot, un paysage musical conforme à celui de la Bretagne, entre ombres et lumières, constamment changeantes ! Au cours de cette chronique, nous n’avons évoqué que quelques noms de musiciens. Nous ne pouvons pas conclure cette dernière, sans vous proposer l’énumération complémentaire de ceux qui, autour du pianiste, donnent, tout au long de son itinéraire, plein et beau sens à ses riches compositions. Présenté dans un digipack aux couleurs quasi helléniques, alors que, sur la première de jaquette, cette maison, aux volets vert-bouteille (… à la mer !), hurlante de blancheur sur la toile maritime d’un franc bleu azur est photographiée, au Stiff, à Ouessant, par Sébastien HERVE, ce programme vous apportera beauté et pleine sérénité. Le livret, au même visuel, présente les partitions des titres « Song for Jacques » et « Ydill ». « Ca me prend souvent
Nous vous conseillons, plus que vivement, ce 32ème (Eh oui, quand même !) album de Didier SQUIBAN qui vous fera découvrir des collaborations qui ont contribué à façonner son univers. Si nous vous présentions, à l’orée de cet article, « Ydill », comme une fresque des plus beaux duos et trios, sachez que c’est par un solo, de près de 12 minutes, que le pianiste conclut ce mémoriel récital d’amicales et musicales rencontres, avec « Song for Jacques II », magnifique pièce entre classique, blues et jazz qui sonne, en parfaite osmose avec « Song for Jacques I » de la plage 7 où Jacques PELLEN est à la guitare. Cette dernière pièce est interprétée comme une prière, le jet d’une fleur à l’instant ultime lorsqu’une présence aimée s’enfuit, jusqu’au suspend d’une dernière note suscitant le final salut d’une respectueuse salve d’applaudissements… Le voyage est fini, mais… laissez tourner ! Mersi bras, MONSIEUR SQUIBAN pour ces sensibles cordes frappées d’amour… Gérard SIMON |
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Nous vous proposons d'écouter un medley de trois titres extraits de l'album : "Jackie’s Tune", "Molène" et "Song for Jacques II" (08:00). |
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Les titres du CD "Ydill" 01 - Valdez - 2'21 : avec Kristen Noguès (harpe) et Jean Chevalier (gong, claves, saxophone soprano, batterie). |
CD "Ydill" de Didier SQUIBAN Parution : 9 octobre 2020 - Réf : 4016396 Production - Didier SQUIBAN Distribution : Coop Breizh - www.coop-breizh.fr |
© Culture et Celtie |
Illustration sonore de la page : Didier SQUIBAN - "Eussa", avec Kristen NOGUES (harpe) et Jean CHEVALIER (gong, claves, saxophone soprano, batterie).- Extrait de 01:14. Site Internet de Didier SQUIBAN : www.didier-squiban.net |