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STONE AGE - "Bubry road"
Le site Internet de STONE AGE

« An Distro »… « Le retour », tel aurait pu être le titre donné à ce nouvel album !
En effet, après 15 ans de silence, il s’agit d’une inattendue et jubilatoire réapparition musicale, celle d’un groupe mythique de pop-électro-rock celtique qui, depuis sa création, en 1992, associe, lie étroitement, les instruments traditionnels bretons, celtiques, à ses arrangements contemporains rock ou électroniques, tour à tour, futuristes, dansants, planants, oniriques ou méditatifs…

Souvenez-vous… « Totems d'Armorique », paru en 2007 et, pour les plus anciens de nos lecteurs, l’inoubliable premier disque éponyme, « Stone Age », publié en 1994, avec sa célèbre pochette en son plein centre, frappée d’un triskell, aux couleurs de l’Armor et de l’Argoat, lui-même, cerclé de teintes enflammées. Un édifiant graphisme faisant référence aux trois éléments, notamment, composantes essentielles de l’univers celtique, à savoir, l'eau, la terre et le feu.
Un historique CD de 10 titres, dont 8 de texture mélodique bretonne, et 2 autres, de teinte plus irlandaise, avec le légendaire et ample succès « Zo Laret », à ce titre, également paru, en single.


C’est, d’ailleurs, cet enregistrement, qui avait amené la formation jusqu’à sa nomination aux Victoires de la Musique de 1995, dans la catégorie de l’époque, « Musiques du monde ».

Après quatre opus à succès, notamment, au Japon, (150 000 exemplaires vendus), STONE AGE signe, en ce présent mois de mars, son grand retour discographique, mais aussi, et avant tout, scénique.
Pour cette « configuration 2022 » de STONE AGE, seuls deux des musiciens de la formation originelle sont présents : A la basse, l’ancien musicien d’Alan STIVELL, Michel VALY, alias KERVADOR et, à la batterie et aux percussions, Marc HAZON, alias Marc de PONKALLEC, qui a, entre autre, fait partie du groupe GWENDAL.

Primitivement, engagés sur des chemins d’écritures personnelles pour de propres projets de création d’albums, de part et d’autres, ainsi munis de quelques morceaux, ces deux fondamentaux instrumentistes, auteurs et compositeurs de STONE AGE, se sont, à l’issue de retrouvailles, posé la question : « Pourquoi ne pas réaliser un nouvel album ? »… Ce qui fût, pour notre plus grand bonheur, décidé.
De cette phase individuelle, aux nouvelles rencontres nécessaires, aux difficultés liées à la, encore présente, difficile conjoncture sanitaire, jusqu’aux séances en studio, il aura fallu 3 ans pour la gestation artistique de cette nouvelle aventure discographique… et scénique.

C’est ainsi que, produit, réalisé et composé par KERVADOR et Marc de PONKALLEC, excepté pour, en plage 7, « Pleg an amzer », dû aux talents de Marielle HERVE, ce nouveau disque a été enregistré, en Centre Bretagne, au studio costarmoricain et trégorois WM, au lieu-dit Kérouzé, en Bringolo (22), par, assisté de LOUAN, Wilfried LASBLEIZ, ingénieur du son fondateur du lieu (Voir page).
Le mastering a été réalisé, à Sannois (95), par Anthony ARCONTE, ingénieur du son et arrangeur depuis 1987.
C’est le moment de saluer leur excellent travail de prise de son, de mise en espace avec une sous-jacente « présence live » et d’optimisation du spectre sonore, phases primordiales pour de telles productions musicales avec des artistes qui recherchent, plus que jamais, un son spécifique, à la fois reconnaissable, mais s’inscrivant dans le registre des productions actuelles.
Si, pour beaucoup de chroniqueurs et journalistes, ceux-ci évoquent un côté « vintage », l’ensemble sonne, toutefois, comme une musique très actuelle, notamment par une présence électro affirmée, autant que maîtrisée.

Voici, donc, la dernière œuvre de STONE AGE, titrée « Bubry Road », un 5ème opus, de pas moins de 50 minutes proposant, d'Argoat en Arvor, une suite de 14 tableaux sonores, (dont 3 instrumentaux), particulièrement, façonnés pour la scène et pour un spectacle musical total.

Puisque nous avons, sus-cité, deux des historiques membres permanents de STONE AGE, l’instant rédactionnel est venu, ne serait-ce que, par la simple lecture de qui suit, de suggérer à votre oreille les sonorités qui façonnent la tessiture du chant et le spectre des lignes mélodiques qui jalonnent le programme.

Nous vous proposons de découvrir la distribution vocale et instrumentale qui vous permettra, également, de reconnaître, selon les plages où ils interviennent, nombre de noms et pléthore de talents de la musique bretonne, celtique, comme œuvrant dans d’autres styles.

- Robert LE GALL : Fiddle, cittern portuguese guitar (guitare portugaise) (6 - 11 - 13).
- Xavier GERONIMI : Guitare acoustique et électrique (5 - 7 - 8 - 9 - 12).
- Philippe HERVOUET : Guitare acoustique et électrique, mandoline (2 - 6).
- René LEBHAR : Guitare solo (3).
- Konan MEVEL : Whistles, cornemuse électronique, éditeur de musique Kguitar.
- Youenn LE BERRE : Flûte, low whistle, flemish pipe (pipe des Pays-Bas et de la partie nord de la Belgique de langue flamande (1 - 13).
- Loïc BLEJEAN : Uillean pipe.
- Eric BEAUMIN et Benoît QUEFFELOU : Bombardes (13).
- Adrien LAPERCHE et Cédric LE BOZEC : Cornemuses (2 - 13).
- Benoit WIDEMANN : Synthétiseur Moog solo (6).
- Marielle HERVE : Voix lead et guitare acoustique (7) - Chœur et piano (14).
- Maria POPKIWICZ : Voix lead (1 - 3.) et Pascale MASSON (12).
- KOHANN : Voix lead (8), chœur.
- Mike BACH : chœurs(4), Vickie BITTON (12) et Marion CHER (4).
- MENEZ ARE : Chorale d’enfants (3).

Comme le précise quelques lignes du site internet officiel, « La musique et les textes sont souvent très inspirés de légendes celtiques, avec une légitime prédominance bretonne ».
STONE AGE nous emporte, ainsi, sur la route de Bubry, village du Morbihan, en passant par Penhors et Roskañvel, par Kerouz, Keranna ou Rieg...
Invité de France Bleu Breizh Izel, Marc de PONKALLEC, ajoute : « Bubry, c’est le point central d’un road movie, lié aux attaches de KERVADOR au Pays Pourlet où ses oncles étaient musiciens. Alors pourquoi ne pas faire, d’Argoat en Arvor, un voyage onirique à partir de Bubry, qui nous emmène sur des chemins de Bretagne et d’ailleurs, comme dans l’est de l’Europe ».

Une carte circulaire de cette randonnée de rêves partant de Bubry vers les espaces bleus, vous est proposée, avec ses appellations bretonnes, sur l’une des faces du feuillet interne, plié en quatre pans, qui accompagne le digipack cartonné.
Cerclant l’itinéraire, les noms des musiciens et chanteurs intervenants apparaissent, clairement, en caractères blancs sur le fond noir. C’est beaucoup moins évident pour la notification de leurs affectations aux pupitres instrumentaux et vocaux. Bleu nuit sur fond noir ?… Lilli LACOMBE qui assure le design et, logiquement, la lisibilité n’a pas été inspirée.
Et pourtant ces informations intéressent nombre d’entre-nous.

Par ailleurs, mais dans ce même cadre, Il manque, vraiment, inclus dans la jaquette, un livret mentionnant les textes, au lieu de ce feuillet additionnel susmentionné, qui sur sa seconde face propose un patchwork de photos, dont la coloration est certes, globalement, aguicheuse à l’œil, mais qui, par la taille des vignettes enchevêtrées ou superposées, ne présente aucun intérêt.
Alors que le contenu textuel reste important. En effet, si certains membres du groupe chantent en breton et/ou en anglais, c’est pour véhiculer quelques idées, sinon, il ne ferait que de l’instrumental !
Et tout le monde ne parle pas anglais, encore moins breton.
Afin d’optimiser le contenu, la production aurait dû y penser !

Fort heureusement, Soizick FONTENEAU, attachée de presse (Voir page), nous a transmis avec gentillesse et célérité, cette substantifique moelle textuelle. Nous la remercions, chaleureusement.

La jaquette du CD est « classieuse » et, nous semble t’il, symbolique.
En première de couverture, posé sur une pseudo-table de lecture analogique, en forme de « tranche » de tronc d’arbre, un disque vinyle dont les spires de microsillons semblent rejoindre l’idée des cernes de croissance arboricole qui marquent le temps, paraissent traduire la longévité de STONE AGE.
Au dos du contenant cartonné, cette fois, parfaitement lisible, la liste des titres interprétés notifiée sur fond de deux silhouettes marchant au couchant d’une image extraite de la vidéo du, ô combien, talentueux musicien et inspiré photographe et réalisateur de vidéos, Konan MEVEL.
La graphiste indépendante Lilli LACOMBE a, été, cette fois, bien inspirée.

Dès l’orée du programme, nous sommes accueillis et cueillis par le titre éponyme.
Un bourdonnement croissant, un quasi-rythme de roulement sur le rail, la plainte de l’Uillean pipe de Loïc BLEJEAN, le son de la caisse claire, celui du whistle, les voix mêlées au limpide Mogg, le voyage dans un coin de celtie, commence et commence très bien, avec cette « ouverture dansante », chantée en anglais et breton.


« Welcome to Bubry Road
He ! deit aman gant omp
Spered mad zo en aer
Imagination ride from bubry road
It's fun to play a night on bubry Road
Welcome to Bubry Road
I say : welcome to bubry road
! ».
« Bienvenue à Bubry Road
Eh ! Viens ici avec nous
Dans l'air on ressent un bon esprit
L'imagination vogue à Bubry Road
On a plaisir à jouer la nuit sur la route de Bubry
Bienvenue à Bubry Road
Je dis : Bienvenue à Bubry Road !
».


Groupe STONE AGE - © Image extraite de la vidéo - Teaser live

Oh, rassurez-vous, nous n’allons pas passer en revue tous les titres du programme, car TOUS, je dis bien TOUS, sont excellents et s’agissant quasiment d’un album concept, ils se nourrissent les uns des autres.

Mais comment, en plage 3, ne pas évoquer « Maureening Ar Aouz », avec la spécifique voix de Maria POPKIWICZ, relayée par le superbe solo de guitare, « à la croisée » des styles de David GUILMOUR et de Mark KNOPFLER, signé de René LEBHAR, suivis de l’angélique chœur d’enfants MENEZ ARE.


[…]
« Maureenig ar Rouz
Zo aet kuit didrouz
Da dañva ar vuhez
En-tu all d'ar menez
Klevet 'vez o c'hoarzhine
Gant bugale lirzhin
Emaint holl o vont
D'ober goap ouzhomp
».
[…]
[…]
«Maureenig la Rousse
Est partie sans bruit
Pour goûter la vie
De l'autre côté de la colline
On l'entend déjà rire
Avec des enfants joyeux
Ils s'apprêtent tous
A se moquer de nous
».
[…]

Plus syncopé, plus électro, avec des effets sur les voix, donc plus actuel, mais aussi, avec des réminiscences des années 70, dont certains passages de claviers peuvent, par exemple, faire penser à IRON BUTTERFLY (face 1 du LP 33 tours « In-A-Gadda-Da-Vida »), PROCOL HARUM (LP 33 tours « Grand Hôtel »)… « Shame to humanity » nous propose des thèmes qui ont une résonance, ô combien, évidente en ces temps troublés et incertains pour l’humanité et la planète.

Nous ne résistons pas à publier l’intégralité du texte, avec sa conclusion multilingue qui souligne la responsabilité universelle de chacun d’entre-nous.


« I was born with no conscience
And came from nowhere,
Following my instinct to destroy.
My preservation is my only way
Why should i care for any one?
I’m looking to my friends
Falling all along their way of the cross to freedom
I laugh to see this world trampled
By these digital giants.
I don’t care what surrounds me ,
Even the trees, the sea and the animals,
Guilty or not guilty, no human justice
Comin’ to break it all,
I’m looking at the people,
Falling in the darkness of their lost desires
And i feed on the ashes,
Of what i have usurped

« Je suis né sans conscience
Et venu de nulle part,
Suivre mon instinct de destruction.
Ma préservation est mon seul moyen
Pourquoi devrais-je m'occuper de quelqu'un ?
Je regarde mes amis
Tombant tout le long de leur chemin de croix vers la liberté
Je ris de voir ce monde piétiné
Par ces géants du numérique.
Je me fiche de ce qui m'entoure,
Même les arbres, la mer et les animaux,
Coupable ou non coupable, aucune justice humaine
Ne vient tout casser,
Je regarde les gens,
Tomber dans l'obscurité de leurs désirs perdus
Et je me nourris des cendres,
De ce que j'ai usurpé


A shame to humanity
Una verguenza para la humanidad
Sommes-nous donc une honte pour l'humanité
Eine schande fur die menscheit
Ar mezh a-benn denelezh
Ne ket brav en den a-viskoazh
Vergogna per l'humanita
».

En piste 7, nous avons, aussi, été particulièrement séduits par, sur lie de low whistle et de cordes électriques de Xavier GERONIMI, le celtique et maritime chant, « Pleg An Amzer - Dans un pli du temps », embarqués sur l’onde de l’enjôleuse voix de sirène et la guitare acoustique de sa créatrice, Marielle HERVE qui nous emmène, cette fois, de Bubry… au Tir-na-Nog, l’île de l’éternelle jeunesse.
Su-perbe !

[…]
E kreizh ar mor
Zo ur boudig
A vev ‘vel ur pesk
Gantañ doare un den
E kreizh ar mor
A vev ur boudig
Ur seurt treizour
Da Tir-na-nog

[…]
[…]
Au milieu de la mer
Il y a une créature
Qui vit comme un poisson
À l'aspect d'un humain
Au milieu de la mer
Vit une créature
Une sorte de passeur
Vers le Tir-na-Nog

[…]

Restons dans les nébuleuses du Tir-na-Nog… Entre flûte, claviers, percussions, un très apaisant instrumental, titré « Moged » vous attend en plage 10.

Comme précisé, en amont de ces dernières lignes, pour ne point vous lasser… et, surtout, pour vous laisser découvrir, à l’acquisition du CD d’autres très belles étapes, de musique, de chants, de légendes, de rêve, mais aussi, de réalité, nous n’aurons fait, au cours de cette chroniques que quelques haltes rédactionnelles destinées à la présentation de ce nouvel album, dont, nous le répétons, tous les morceaux, sont digne d’intérêt.

C’est, donc, à la « croisée des chemins », avec, en piste 13, « Groës Coêt » (un lieu-dit, en pays pourlet) que nous nous quitterons sur cette « danse des mille intergénérationnelle », où effets, rythmique et mélodie électro des claviers, percussions et boites à rythmes introduisent les virevoltantes interventions, au fiddle, de Robert LE GALL, cordes suivies d’un court texte chanté, lui-même relayé par, entre sonorité de violon et d’Uillean pipe, par le flemish pipe de Youenn LE BERRE.
Un second passage textuel chanté, puis dit, et, Bretagne oblige, les bombardes d’Eric BEAUMIN et Benoît QUEFFELOU, adossées aux cornemuses d’Adrien LAPERCHE et Cédric LE BOZEC, enflamment la fin du morceau, jusqu’à l’arrêt net, conforme aux fins de jeux habituels des bagadoù.


[…]
Sonerien ar c'heriou
Ar lec'hiou
Re gozh, re yaouank ar vroiou
Deomp an holl, e kroes en hentoù

[…]
[…]
Musiciens des villes
De tous lieux
Les vieux, les jeunes de pays
Allons toutes et tous à la croisée des chemins.

[…]

En toute dernière plage, c’est Marielle HERVE, au piano classique solo, avec « Suite céleste », qui vous raccompagnera, définitivement avec, déclinée, après césure, en deux parties rythmiques, une pièce jazzy très « Squibanesque ».
C’est inattendu, déconnecté, mais pas étranger, aux 13 autres thèmes… C’est la Bretagne, la Celtie multiculturelle, protéiforme, que nous aimons et que nous vous proposons, depuis, longtemps, sur nos page ne ligne.

« Burbry Road », de « STONE AGE », de l’électro- pop-celtique-vintage, rehaussé de sons actuels.

Un disque, bien évidemment, à vous procurer, sans hésitation et au plus vite.
Nous ne vous en dirons pas plus. « STONE AGE », ce nom étant, à lui seul, un label… de qualité et de plaisir.

Gérard SIMON


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Nous vous proposons d'écouter un medley de trois titres extraits de l'album : "Maureenig ar rouz", "Rozenn an dro" et "The kingfisher song" (05:58).
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Les titres du CD "Bubry Road" :

01 - Bubry Road - 03:30.
02 - You know - 03:43.
03 - Maureenig ar rouz - 04:01.
04 - Shame to humanity - 03:50.
05 - Anti age - 03:27.
06 - From gwen to stone - 03:29.
07 - Pleg an amzer - 04:11.
08 - Rozenn an dro - 03:21.
09 - Dansit for tomorrow - 03:18.
10 - Moged - 02:39.
11 - Armen dañs - 03:47.
12 - The kingfisher song - 03:45.
13 - Groës coët - 03:21.
14 - Suite céleste - 03:11.


CD STONE AGE - "Bubry Road".
Parution : 04 mars 2022.
Production : KERVADOR et Marc de PONKALLEC.
Distribution : COOP BREIZH
Référence : 4016461.


© Culture et Celtie

Illustration sonore de la page : STONE AGE : "Bubry Road" - Extrait de 01:05.
Le site Internet de STONE AGE : www.stone-age.bzh

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