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Xavier DANIEL s'entretient avec la harpiste Nolwenn ARZEL |
© Photo Kévin PERRO |
Xavier DANIEL : Bonjour Nolwenn Arzel. Vous avez enregistré trois précédents albums en solo. Qu’est-ce qui caractérise ce nouvel album,« Strewiñ », hormis le fait d’être accompagnée de musiciens ? |
Je veux que la musique celtique, interprétée à la harpe, puisse être connue du plus grand nombre. XD : Sur quel type de harpe jouez-vous ? Quel rapport avez-vous avec cet instrument ? NA : J'ai choisi de mettre en avant le travail d'un luthier breton, Monsieur Le Boulge. Il est installé dans le pays vannetais et produit des harpes remarquables. |
© 3ème CD « Are A Garan » - Photo de fond : Kévin PERRO |
XD : Comment avez-vous rencontré les musiciens qui vous accompagnent dans cet album "Strewiñ ? Notamment Kevin Camus qui est, aussi, musicien de Nolwenn Leroy ? NA : Tous sont des amis de longue date et des musiciens que j'estime pour leurs qualités. Je connais Kévin depuis plusieurs années et lorsque que j'ai sorti mon précédent album « Are a Garan », en 2010, il m'avait gentiment proposé de poser son uillean pipe sur ma harpe. Cette proposition n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde. C'est pour cela que je lui ai demandé, cette fois ci, de m'accompagner. Très pris par son travail avec Nolwenn Leroy, je n'espérais, pas forcément, qu'il soit disponible, mais ce fut le cas ! Maintenant, il me suit lorsque nous donnons des concerts avec la formule trio ou quartet. |
XD : Quelles sont vos références « harpistiques » ? NA : Enfant et ado, j'ai vécu deux chocs « harpistiques » : Le 1er, lorsque j'ai découvert l'instrument : c'était lors d'un concert des Triskell, avec Gilles Servat, pour le spectacle « l'albatros fou ». Je ne me remets, toujours pas, de la puissance artistique et émotionnelle de cet album. Je crois, vraiment, que les frères Quefféléant m'ont appris l'émotion, la vérité, la sincérité. Le deuxième fut le groupe « Sedrenn » que j'ai découvert, dès sa formation. La modernité et l'énergie du jeu d'Elisa Vellia et de Christine Merienne m'ont, profondément, marquée. Depuis j'ai eu d'autres coups de foudre, mais en général, pour des harpistes irlandaises ou écossaises. Je pense à Grainne Hambly ou Savourna Stevenson. Mais il y en a bien d'autres ! XD : Etes-vous parente avec Alphonse Arzel (*) auquel vous rendez hommage ? Votre présentation, sur le site de Coop Breizh, nous interpelle : « Sans contrainte, elle a été élevée au-delà de l'amour de la musique et de la danse dans une revendication passionnée et romantique de l'identité bretonne ». NA : Oui, c'est un cousin éloigné. Mais nous sommes bien de la même branche « Arzel ». Il venait souvent me voir en concert lorsque je jouais à la chapelle de Larret, à Porspoder (berceau de la famille). C'est une personne que j'admire. Lorsque j'ai appris son décès, j'ai, immédiatement, enregistré la mélodie « O'Carolan's farewell » pour lui rendre hommage. C'est ma manière de le remercier pour son combat et pour le bien qu'il a fait pour les générations futures. A cette occasion, j'ai d'ailleurs fait un montage vidéo visible sur You Tube (Alphonse’s Farewell, Hommage à Alphonse Arzel). Grâce à l'album et à mes concerts, je vais, ainsi, avoir l'occasion de parler de lui. C'est mon devoir de mémoire ! |
XD : Sur quels critères avez-vous choisi les morceaux que vous interprétez sur ce 4ème album ? Je suis une musicienne, dite traditionnelle, la partition n'est pas mon support favori. |
© Photo Kévin PERRO |
Je pense à « O'Carolan's Farewell », Turlought O'Carolan, harpiste irlandais du XVII° siècle qui a écrit ce morceau pour qu'il soit joué à son enterrement. C'est son épitaphe musicale. Je l'ai, d'ailleurs, voulu comme cela pour Alphonse Arzel. Ce morceau a failli s'appeler « Alphonse's Farewell ». Et tous mes morceaux ont, ainsi, leur histoire, leur sens, leur raison d'être. XD : Parmi, votre répertoire… une création. Est-ce que vous tendez à aller, de plus en plus, vers des compositions personnelles, notamment pour un futur album ? NA : Oui, « La valse suspendue » est une composition. J'ai beaucoup d'autres choses qui dorment dans ma tête et dans mon magnétophone. Sans doute que le prochain album sera plus étoffé en compositions. Mais la composition est une chose complexe. Offrir à l'écoute du public une composition, c'est lui donner un morceau de son intériorité, de sa propre personne. C'est, pour ma part, très intime. XD : Comment définiriez-vous votre univers ? Coop Breizh parle, comme je vous le disais, précédemment, de « Revendication passionnée et romantique de l’identité bretonne ».Pouvez-vous nous en dire plus ? NA : Mon univers me semble assez simple parce qu'il est le fruit de toute une éducation. J'ai baignée dans cette musique donc je n'ai pas forcément conscience de sa spécificité. Mon souhait est de pouvoir faire découvrir la musique bretonne et celtique, en général, par le biais de la harpe, sans tomber dans le folklore et les clichés connus de la Bretagne, ni dans ceux de la harpe qui sont, également, nombreux (Brocéliande, imaginaire fantastique, fées...). Ce sont des univers que j'apprécie, de temps en temps, mais je ne souhaite pas enfermer la harpe, uniquement, dans ces images-là. Il y a deux écueils à éviter et ce n'est pas facile. Disons que, pour le moment, je sais ce que je ne veux pas. XD : Quels sont vos projets, vos désirs musicaux pour l’avenir ? NA : Pour le moment, je prépare ma tournée de concerts en Bretagne : 30 concerts dans la région ! Ensuite, j'attends avec impatience la sortie du dernier dessin animé du réalisateur Nord Irlandais Tomm Moore, « The Song of the Sea ». J'ai eu le plaisir de poser quelques notes de harpe auprès de Kévin Camus et de Nolwenn Leroy, pour la Bande Originale du film. C'est prévu pour la fin de l'année. Pour Novembre, également, sortira le dernier album des Marins des Abers de Plabennec avec qui j'ai joué et enregistré une chanson en hommage à l'héroïque Monsieur Jobart, le patron pêcheur du malheureux « Sokalique ». Propos recueillis par Xavier DANIEL. |
______________________________ (*) Alphonse Arzel : Une grande figure de la Bretagne. agriculteur de profession, il occupa diverses fonctions, notamment, comme maire de Ploudalmézeau et sénateur du Finistère. Suite au naufrage de l'Amoco Cadiz, devant la plage de Portsall, commune de Ploudalmézeau, il incarna la défense des intérêts de sa commune et de toutes celles dont les côtes ont été souillées par la marée noire. En 1980, il fonde le Syndicat Mixte de Protection et de Conservation du Littoral Nord-Ouest de la Bretagne, qui deviendra Vigipol, en 2000 et mène le combat qui aboutira, en 1992, au terme d'un procès fleuve, à Chicago (États-Unis), à la condamnation du géant Amoco et à l'indemnisation des collectivités et des particuliers victimes de la marée noire. (Source : Wikipedia). |
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© Culture et Celtie |
Illustration sonore de la page : Nolwenn ARZEL : www.nolwennarzel.com extrait de « Valses irlandaises » de l'Album « Are A Garan ». (00:49). |