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DREMMWEL - "Hirbad". |
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DREMMWEL… Rassurez-vous, nous n’allons pas évoquer, ici, ainsi dénommée, cette bière biologique bretonne, « bio par nature, celte par héritage », comme la qualifie la brasserie de Trégunc (29) qui l’élabore, mais consacrer notre chronique à ce groupe musical, tout aussi finistérien qui, depuis plus de trente ans, scrute, toujours… l’horizon (« dremmwel », en breton) pour, toujours, envisager de nouveaux et variés projets musicaux. Avec, par ordre alphabétique, Daniel CADIOU, à la guitare et programmation, Fabrice CARRE, à la batterie, percussions, basse, guitare, Marie CARRE, à la contrebasse, flûte traversière, Dominique LE GUICHAOUA, à l’accordéon, au biniou, Marin LHOPITEAU, à la harpe celtique, fiddle et René MARCHAND, aux bombardes et flûte, nous retrouvons, avec très grand plaisir, au travers de ce présent article, le « noyau dur » d’une formation qui, créée au milieu des années 80, a su tracer, au fil de plus de trois décennies, un spécifique chemin jonché de diversités valorisées par de nombreuses rencontres artistiques et de nombreux projets scéniques et discographiques menés avec brio. |
Enregistré et réalisé par le compositeur, arrangeur et guitariste quimpérois, né costarmorician, Patrice MARZIN (Gérard MANSET, Hubert-Félix THIEFAINE, AR RE YAOUANK, GWENNYN, Soïg SIBERIL…), composé d’un programme de 13 titres, 11 compositions originales, 2 traditionnels, dont 10 instrumentaux et 3 vocaux, s’étirant sur plus de 55 minutes, avec, en ordre dispersé, des pièces à écouter, d’autres à danser, voici « Hirbad », le nouveau Compact Disc de DREMMWEL ! « Hirbad », comme « longue durée » : une évidente analogie avec la longévité du groupe. Une dénomination qui rappelle, également, les « Long Play » (LP), légendaires microsillons vinyles 33 tours-30 cm, que l’on voit, par ailleurs, actuellement, en grand nombre, revivre sur une gamme de nouvelles platines tourne disques équipées USB, numérique oblige ! Si, par ce titre « Hirbad », nous évoquons, ci-dessus, la notion de durée, qu’elle caractérise celle de la formation ou celle de l’enregistrement, il nous faut, avant tout, mettre en exergue, car c’est l’âme essentielle de cet opus, le côté éclectique de cette sixième publication de DREMMWEL. Après « Heol loar » (1996), « Glazik » (2001), « Lañs » (2006), « Troioù kaer » (2011) et « Traou mad » (2013) qui, en quelque sorte, résumait les éditions précédentes (Voir notre chronique), le concept de ce présent album s’inspire, directement, du parcours du chercheur ethnomusicologue, folkloriste, américain, père fondateur du « Global juke-box », Alan LOMAX (1915-2002) qui, comme un assidu collecteur, a enregistré, à travers le monde, notamment aux Etats unis, aux Caraïbes et en Europe, nombres de musiques populaires, aussi belles que variées. Ces participations sont fondées sur des rencontres antérieures effectives, mais aussi sur des « rendez-vous » provoqués pour l’occasion. Il est à noter que l’ensemble des membres du groupe ne sont pas présents sur tous les morceaux. Seule, la polka « A lot of Traffic », située en plage 9, rassemble les 6 musiciens. Amis de la musique bretonne, celtique, ne soyez pas inquiets, eu égard à l’éclectisme musical proposé dans « Hirbad », par DREMMWEL. Dès le premier titre, « Pilpasañ » (Ton simpl Plinn), composé, parce qu’imaginé par René MARCHAND, lors d’une randonnée estivale entreprise dans le Gers (pilpaser=piétiner), nous sommes accueillis par un duo bombarde et biniou, celui de KERVAREC/LE GUICHAOUA, familière prestation en couple additionnée d’un très limpide pont de guitare, signé MARZIN. Nous sommes, alors, en terre connue… En plage suivante, un Hanter-dro, composé par Daniel CADIOU, astucieusement intitulée, « Hanter inconnues », tout en gardant pied en Armorique, nous emmène, déjà, bien plus loin. Après une errance nocturne sur les rives de l’Odet, dont le flux relie Quimper à Bénodet, au son de l’accordéon enjôleur et mélancolique de Dominique LE GUICHAOUA qui joue « Le fanal", une composition théâtrale du musicien, en 4ème titre, se fait, alors, entendre, dans l’acception d’une Bretagne qui regarde la mer… et le monde : « Mervent ». |
![]() Groupe DREMMWEL - © Photo Hervé INISAN |
La harpe a, toujours, été un marqueur du son de DREMMWEL. Mais revenons dans l’hexagone, sinon en Bretagne, puisqu’en piste 5, « Quand nous partîmes de Toulon » nous permet de retrouver la grande Louise EBREL qui, une fois n’est pas coutume… chante en français !
« Quand nous partîmes de Toulon, |
Pour notre part, nous avions découvert cet air traditionnel, chanté par BABORD AMURES, identifiée sur son site Internet, d’origine normande et proposé sur son CD « Le vieux cargo », paru en 2012 (Voir CD « A RETENIR ») qu’il interprétait dans un style « ballade folk », avec un accompagnement inspiré, notamment, du grand banjöiste oregonnais, Deroll ADAMS. Sur « Hirbad », c’est respectueusement servie par un sobre trio guitare, contrebasse et accordéon, que Louise EBREL, reprend cette traditionnelle chanson de marins, dans une version plus complainte convenant, parfaitement, à son grave et si prenant timbre ! Un autre remarquable moment, à la conjonction des sphères profanes et sacrées, vous attend avec le 6ème titre, suivant : Après ce « temps fort », DREMMWEL nous propose une séquence à danser de plus de 17 minutes, durant laquelle, escortées par les autres instruments, réapparaissent la bombarde de René MARCHAND, la harpe celtique de Marin LHOPITEAU. Le Pilé menu, « Pile a’ leur », le rond de Saint Vincent « Luskañ, la polka « Lot of traffic », la suite fisel « Ar roc’h » s’inscrivent dans l’éclectisme souhaité par les artistes. Nous retrouvons, au fil de ces 4 morceaux, les fondamentaux de DREMMWEL. Violon, accordéon, guitare, enrobés de quelques programmations et 3 voix ; celles de Rob GIBSON, Malcom KERR, Andy MITCHELL, suit, enregistrée dans les Highlands, une chanson écossaise collectée par le célèbre ethnomusicologue américain que nous vous présentions en début de chronique et qui inspire fortement, nous l’avons vu, l’esprit d’« Hirbad », nous oserons dire, sa ligne éditoriale. En plage 12, retour en Bretagne avec « L’air vous sera meilleur » qui rend hommage à l‘illustrateur, sculpteur, créateur de mobilier, décorateur et céramiste, Paul FOUILLEN (1899-1958). Dans cette droite ligne, une scottish, composée par Dominique LE GUICHAOUA, pleinement inspirée d’un rigtime de Scott JOPLIN et de la musique rabouine du défunt guitariste de jazz manouche gantois, Francis-Alfred MOERMAN, conclut ce « tour du monde en un album ». Nous avons, très largement, apprécié cet opus aux plurielles facettes. S’il nous était permis d’inventer un nom pour classifier cette remarquable production, nous logerions cet enregistrement dans une hypothétique rubrique, chapeautée : « Néo-World-Trad ». Procurez-vous, dès que possible, ce fort intéressant et original CD, dont les deux tiers de ses mélodies sont signées par les musiciens de cet excellent et inventif groupe cornouaillais qu’est DREMMWEL, afin de l’intégrer dans votre « juke-box personnel » qui joue, sans chauvinisme, vues de notre péninsule, « les musiques de Bretagne et d’ailleurs ». Gérard SIMON ____________________ |
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Nous vous proposons d'écouter un medley de 3 extraits de l'album « Hirbad » : « Mervent », « Macpherson's rant », et « l'Etincelle » (Scottish). (05:34). |
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Les titres du CD "Hirbad" 01 - Pilpasañ (Ton simpl Plinn) - 03:11 Total : 56:50 |
CD "Hirbad"- DREMMWEL Parution : novembre 2018 Distribué par COOP BREIZH - www.coop-breizh.fr Réf : 4016292 |
© Culture et Celtie |
Illustration sonore de la page : DREMMWEL - "Pilpasañ (Ton simpl Plinn)" - Extrait de 00:59. Site Internet du groupe DREMMWEL : www.dremmwel.com |