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GWENNYN "Immram" |
Quelques célestes fibres cotonneuses filtrent, subtilement, une lumière caressant l’horizon proche d’un fin trait de clair sable, symétriquement orné de quelques arbres maritimes, paisible îlot posé sur un avant plan pavé de menues roches granitiques où s’accrochent quelques chevelures éparses d’algues marines s’étirant au fil d’une eau parfaitement transparente. Bien au centre de cette idyllique vision, quasi picturale, à la croisée d’une composition photographique réalisée en noir et blanc, mais de fait, en riches nuances de gris, horizontalement et verticalement cadrée selon de virtuelles médiatrices, une altière et féminine silhouette enrobée de blanc voile à pans, semble campée devant la mer et l’objectif du fort talentueux Eric LEGRET qui, une fois nouvelle, nous ravit de la poésie de ses clichés qui prolonge, depuis si longtemps, les vibrations artistiques des musiciens et chanteurs qu’il photographie sur scène, en studio, ou, comme ici, en milieu naturel. |
Le lieu : En pays historique du Trégor, précisément au large du Port-Blanc, station balnéaire costarmoricaine ancrée dans la commune de Penvénan, il s’agit, des contours de l’île aux femmes, située dans un archipel, communément appelé Îles de Buguélès. Nous sommes, particulièrement, attachés, nous aussi, sans jeu de mots, à mettre en lumière les efforts de présentation que font certains artistes et leurs équipes graphiques, pour vous proposer un objet musical raffiné et documenté, bien plus attrayant que la froide insipidité des fichiers numériques téléchargés. « Immram », tel est le nom que GWENNYN a donné à ce 6ème ou 7ème opus, selon que l’on prend en considération, dans sa chronologie discographique, « New Andro - Best of » qui rassemblait, avant tout, un florilège de 16 titres extraits de ses disques antérieurs, avec, certes, en bonus, 2 titres inédits (Voir notre chronique). En parfaite osmose, 11 plages, ponctuent ce voyage de plus de 45 minutes, toujours bien trop court lorsque l’on écoute GWENNYN. En ce qui concerne les compositions, GWENNYN co-signe avec son compagnon de vie et de notes, Patrice MARZIN, pas moins de 7 pièces du programme, le guitariste, compositeur, arrangeur et réalisateur artistique, harmonisant la reprise du cantique « Me gav hir an amzer - je trouve le temps long », ou associant ses talents à ceux du bassiste et conseiller artistique Manu LEROY pour « Mamm-Douar - Terre-Mère », d’Alan STIVEL, pour la reprise de « Kimiad - Adieu » ou Mike PASS, pour « Il est une île ».
Patrice MARZIN : Guitares, claviers et programmations, Le CD s’ouvre sur « Me Ivez - Moi aussi », un titre très « celtique électro pop », chanté en breton, qui, par petites touches, évoque les origines quimpéroises, non pas de naissance, mais de vie de très jeune fille de GWENNYN, puis de retour à Rennes, où elle est née, sa période estudiantine, ses espérances de jeunesse, ses désillusions, ses amours, parfois destructeurs, toutes ces étapes qui ont contribué à forger son actuelle vie de femme libre. Pour la deuxième pièce, une rupture ? En fait, pas tant que cela ! Mais, War-raok, kit !... Voici « War an Hent - Sur la route », une chanson qui évoque la « Redadeg » cette course-relais bisannuelle qui traverse les 5 départements bretons historiques, afin de soutenir financièrement des projets en faveur de la langue bretonne, particulièrement chère à GWENNYN, puisque toujours pratiquée depuis sa prime enfance. Suit, cette fois, chanté en français, « Fille du vent », un hymne poétique pour une nouvelle liberté davantage conjuguée au féminin et affranchie des us du monde d’avant.
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Gwennyn enregistre avec le Bagad de Lann Bihoué "War an hent" Image extraite de la vidéo teaser de l'album "Immram". |
En dépit d’un mixage que nous aurions, pour notre part, souhaité un tout petit peu plus en faveur du chant, donc du texte de GWENNYN, le rythme enjoué et décidé de ce morceau, illuminé d’une vivace ligne de violons rappelant, quelque peu, celle de « Days of pearly Sepncer, grand succès de David Mac WILLIAMS (1967), intervention instrumentale des cordes arrangée par Robert LE GALL (GWENDAL, STIVELL…), laisse dans la tête, croyez-nous, quelques récurrentes traces mélodiques, après l’écoute du CD ! A nouveau, en breton, GWENNYN, lance alors, au travers de « Deuit ‘ta - Venez », une généreuse et salvatrice invitation nous incitant à découvrir, savourer, vivre en Bretagne, vivre la Bretagne, là où la culture est profonde et régénératrice. |
.../... « Deuit ‘ta Pennoù kaled Deuit ‘ta Da vev Deuit ‘ta Da adkavout talmoù ho kalon. » .../... |
.../... « Venez Les têtus Revenez donc A la vie Venez Retrouver les battements de votre cœur. » .../... |
Rien que pour la présente caresse vocale de GWENNYN encordée de violons, nous arrivons !... Dès que les chauds arpèges finaux de la guitare de Patrice MARZIN se seront fondus dans la forge du « coucher de soleil, union du cosmos et de la terre ». De tranquilles et profondes notes de piano, celles Philippe TURBAN, pas trop vite, soulignées du sublime trait aigre-doux de l’Uillean pipes de Kevin CAMUS, puis… la céleste voix de GWENNYN vient nous annoncer, tout en volontaire féminité, après le naufrage, un « Présage », titre de la chanson. .../... Une, ô combien, savoureuse intervention à la guitare électrique de Patrice MARZIN qui semble, ici, confisquer à l’écossais guitar-hero, Mark KNOPFLER, ses plus rondes notes, annonce avec une grâce infinie, le mot grâce est féminin, cette issue possible. La mer, la mère… En plage 7, voici « Mamm-Douar - Terre-Mère »… un appel aux femmes pour sauver la terre… Un moment musical aux résonnances universelles, avec quelques couleurs introductives quasi orientales, des instants où l’on frappe du pied dans la ronde d’une transe qui se « jazzize », quelque peu, en quelques éclats instrumentaux par la bombarde de David PASQUET. Accompagnée des limpides cordes de l’excellent guitariste à la sensible créativité aussi ouverte que ses accords, Soïg SIBERIL, la chanteuse semble, à présent, nous entraîner, à ses côtés, dans les pas d’une très jolie balade et ballade. C’est « Miziou Du - mois noirs», un morceau entre nostalgie, angoisse, mais, espoir et renaissance, au sein d’une nature retrouvée et apaisante, peut-être celle qu’elle décrit dans la chanson suivante « Bleuniou Pop Up - Fleurs pop up » où les splendeurs estivales doivent renaître des rigueurs de l’hiver, pour nous aider, par leur souvenir, à passer les affres des mauvais jours hivernaux. « Le départ du conscrit. Quand, par mégarde, un breton oublie sa guitare électrique à la maison, il a toujours ressource de jouer du binioù ou de la bombarde. C’est pas plus mal. » Alan sera, sans nul doute, conquis par l’interprétation de GWENNYN qui apporte, ici, bien plus qu’une simple très belle reprise ! Après ce superbe programme, vous pensez avoir atteint l’île espérée au terme de cette « Odyssée celtique », il n’en n’est rien. «
Il est une Île .../... Si, sur des nappes de claviers, un cheminement de guitare électrique et les ultimes plaintes de l’Uilleann Pipe, ce titre « Il est une île », clôt, physiquement et de facto ce lumineux voyage musical. Mais, met-il, vraiment, un point final à ce temps suspendu par la grâce que GWENNYN et ses musiciens nous offrent par l’élaboration aboutie de ce substantiel enregistrement ? Arrangé, enregistré, mixé et réalisé, par Patrice MARZIN, avec des prises de son additionnelles de Mathieu BRIAND, pour la batterie et, à l’Espace André Angot d’Edern (29), de Pierre GAC, pour le bagad, ce disque restera, sans nul doute, une pièce maîtresse de la création musicale bretonne 2021. Ne passez pas à côté de sa parution et son acquisition, vous y retrouverez une GWENNYN, ô combien imprégnée et respectueuse des racines culturelles et linguistiques de son pays, qui sait, néanmoins, s’affranchir de certaines esthétiques vocales stéréotypées acquises et entretenues, au fil du temps, dans la chanson bretonne. GWENNYN est, pleinement, femme de Bretagne, d’aujourd'hui et de demain, qui a trouvé son essence artistique. Dès 2000, le référant Alan STIVELL avait bien raison de « choisir » GWENNYN pour qu'elle inscrive, en lettres majuscules, son nom dans la contemporaine Odysée celtique qui, en ce troisième millénaire, alternativement, nous mène « Vers les îles et villes de verre »… Gérard SIMON (1) Regardez, mais, surtout écoutez, cette version où Alan introduit « Kimiad » au son magique de sa harpe et au chant, peu à peu rejoint par le suave violon chinois de Marcel AUBE, avant de s’emparer de sa cornemuse pour faire corps avec la Kevren Alre et Kerlenn Pondi qui unissent leurs trois pupitres traditionnels respectifs pour sonner plus haut et plus ample ! |
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Nous vous proposons d'écouter 3 extraits de l'album : "War an hent", "Présage" et "Il est une île" (06:45). |
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Les titres du CD « Immram »
01. Me Ivez - 03:49. Durée totale : 45:42. |
CD « Immram » Parution : 7 mai 2021 Réf : 4016373 Distribué par : COOP BREIZH - www.coop-breizh.fr |
© Culture et Celtie |
Illustration sonore de la page : GWENNYN - Album "Immram" - Me Ivez - Extrait de 01:01. Site Internet de GWENNYN : www.gwennyn.bzh |