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Jacques PELLEN - "A-hed an aber"

La page de Jacques PELLEN sur PAKER Prod :

La parution d’un nouveau disque sur lequel figure le nom de l’éclectique, exceptionnel et incontournable guitariste brestois, Jacques PELLEN est, toujours, un événement et c’est avec immense plaisir et, même, gourmandise que nous avons, dès réception, fébrilement démailloté de son film protecteur transparent le digipack illustré, en façade, d’une presque énigmatique photo réalisée en noir et blanc par Eric LEGRET.

Très discrètement, quasiment illisible, en haut et à gauche du cadre physique de la jaquette, un pudique lettrage blanc, se confondant à un fond gris flouté par l’effet de profondeur de champ voulu par le photographe, nous permet de distinguer les prénom et nom de l’artiste, immédiatement, à la ligne, suivi du titre : « A-hed an aber »… (Sur les rives de l’estuaire) !


Nous y sommes, le cliché suggère bien une baie étroite, allongée et relativement profonde définie, en Bretagne, par le mot celtique « Aber »… comme estuaire.

Au vu de cette simple et prime vision graphique, nous ressentons, d’entrée, que la création musicale sera, elle aussi, profonde et inspirée, née de ce flux et reflux qui nourrissent une certaine mélancolie marine, notamment bien perceptible au nord de la Bretagne finistérienne… au Pays des Abers !
Une seconde photo, elle aussi, traitée en noir et blanc, figurant sur l’un des pans internes du contenant cartonné, présenté en triptyque, ne dément pas ces aspects fondateurs. Le très expressif cliché signé d’Eric LEGRET, nous dépeint, en léger décadré vertical, un Jacques PELLEN, inspiré, concentré, immergé dans le ruissellement de ses limpides et savantes notes.
Nous percevons, là, l’essence même de cet évocateur opus !

Nous constatons que cet album, et c’est une première, est, pour Jacques PELLEN, une traversée musicale… en solitaire !
Nous avions, en effet, jusqu’alors, l’habitude de croiser ce remarquable instrumentiste, né dans une famille de musiciens et qui s’est révélé en lui, aux premières influences du folk-song américain, puis suite à l’émergence de la vague celtique des années 70 dont Alan STIVELL a été la figure de proue, dans de très nombreuses expériences collectives, en duo, trio, quatuor, voire en formations à géométrie variable, ainsi qu'au au travers de multiples participations discographiques et scéniques.
Nous ne citerons, dans le contexte d’une trop longue liste à vous imposer que DAN Ar BRAZ, Kristen NOGUES, les frères MOLARD, Soïg SIBERIL, Melaine FAVENNEC... CELTIC PROCESSION, et, plus récemment, notamment aux côtés du flûtiste Sylvain BAROU, OFFSHORE, dont nous vous proposions, en juin 2017, sur ces pages en ligne, une chronique de présentation de l’album « Shorewards » (Voir).

Si le jeu de Jacques PELLEN s’est, naturellement, coloré de folk et de celtique, sa découverte simultanée, pour le classique, de Claude DEBUSSY, Béla BARTOK, Francis POULENC, Olivier MESSIAN, et pour le jazz, de Keith JARETT, John McLAUGHLIN ou Pat METHNY, la peinture musicale du guitariste, étudiant de l’instrument à cordes, dans sa version classique, dès l'âge de douze ans, se teintera de ses quatre riches palettes.
Il baguenaudera, ainsi, entre formations de jazz (Riccardo DEL FRA, Peter GRITZ, Kenny WHEELER, Bruno NEVEZ et Henri TEXIER.

Cette heure musicale que vous allez, littéralement, vivre avec émotion et mélancolique sérénité va en être la preuve par un voyage sur 6 ou 12 cordes qui conjugue, à merveilles et sans rupture, mais parfaite complémentarité, osmose, ces quatre styles qui ne peuvent, lorsque le talent est au rendez-vous… n’en faire qu’un ! Rajoutez, une dose de musique contemporaine, une pincée d’improvisations… Vous êtes au cœur du climat marin de « A-hed an aber ».

11 instrumentaux sont au programme : Des airs irlandais, bretons, arrangés PELLEN et 5 compositions plus personnelles, mais, aussi, des pièces de « référence », notamment, pour notre artiste.



Jacques PELLEN - © Photo Eric LEGRET

En plage 3, vous écouterez, par exemple, un « I Loves You, Porgy », célèbre duo de l'opéra Porgy and Bess de George GERSHWIN, publié en 1935 et dont, notamment, Keith JARRET, nous mentionnons cet inspirateur, plus haut, en a fait, en 1999, une interprétation remarquable en ouvrant, avec cette pièce, son album solo « The Melody at Night, With You ».
Jacques PELLEN, nous en propose, ici, une version, tout aussi, prenante, peut-être, encore plus proche, plus intime, plus sensuelle, cordes et bois plaqués sur la poitrine.

Puis, « Don't buy ivory, anymore », en piste 6, figure, cette fois, en référence au contrebassiste, multi-instrumentiste, chanteur, chef d'orchestre et compositeur de jazz français, Henri TEXIER, plus haut nommé, qui, avec un goût marqué pour les musiques du monde, en 1993 et en quartet, l’avait enregistré dans son album « An Indian's week ».


Jacques PELLEN, s’exprime, au cours de cette version, avec un délié moins rythmé que l’original, une évocation guitarisitique de toute beauté qui tourbillonne, parfois, comme l'onde des flots au seuil de… l’estuaire !

En plage 9, vous pourrez écouter un titre important pour l’artiste : « Lec’h », une composition de Kristen NOGUES et de Jacques PELLEN, paru, en 1999, sur l’album « An Evor » de la regrettée musicienne, compositrice d'origine et de culture bretonne, harpiste membre, au début des années 60 de Telenn Bleimor, un groupe féminin de harpistes celtiques, par la suite, devenue compagne de Jacques.
Lec'h est un mot breton, qui signifie, notamment, « pierre plate ».
C’est, aussi, un mégalithe gaulois de forme hémisphérique ou oblongue. On en trouve, notamment, en Bretagne, aussi, en Angleterre ou au Pays de Galles.
Sur une programmation électronique de son de pierres qui semblent rouler sous le flot, signée de Patrick PERON, Jacques PELLEN, nous offre une interprétation, encore plus prospective que l’original, tout en rappelant, commémorant le jeu et le son de harpe de la virtuose, susnommée.

Toujours, dans les « références », l’album se referme sur « January man », une composition du Dave GOULDER, chanteur, guitariste, bâtisseur de pierres sèches, alpiniste et compositeur anglais, surtout connu pour cette chanson. Celle-ci raconte l’inexorable écoulement du temps, au travers des saisons.
Jacques PELLEN nous en interprète, ici, une version, plus nostalgique où les notes semblent égrener, mieux, encore, les instants qui fuient.

Au-delà de ces pièces qui, au cours de son parcours, ont touché le guitariste, nous avons, beaucoup apprécié, savouré, ses propres compositions.
C’est, d’ailleurs, à la suite de notre chronique, trois d’entre-elles que nous avons retenues, pour notre medley d’extraits qui illustrent cet album.

Ce disque est, finalement, baigné d’un climat très celtique, de toutes façons, très breton, même si les notes et les tempos s’échappent, dès qu’ils le peuvent, du traditionnel pur et dur.
C’est, en quelque sorte, des variations de Celtic-Jazz contemporain.
Dés le premier titre éponyme « A-hed an aber », composé par PELLEN, vous êtes, pendant plus de 8 minutes, seul, face au large, recroquevillé dans l’une des saignées granitiques qui entament la côte armoricaine, le vague à l’âme, fixant les déferlantes lames de vagues...

Les guitares apparaissent dans tous les registres des multiples talents de l’artiste. Rondes, agressives basses, veloutées, crissantes, cristallines, métalliques, incisives, hispanisantes, celtisantes, harpistiques, percutantes, elles peignent au travers de leurs densités et de leurs couleurs une magnifique et homogène collection de tableaux qui vous pénètrent d’une brise marine.

Vous pouvez écouter ce disque, à faible volume, modérato, presque en confidence, il accompagnera, merveilleusement, la lecture de quelques pages qui, par exemple, narrent la Bretagne, comme à plus fort volume, il vous envahira, alors, dans le roulis et le tangage de vos pensées, tout en vous révélant une excellente facture sonore et artistique, due à la prise de son, au mixage et au mastering, de Patrick PERON, David ER PORH et Ludo MESNIL.

Quelque soient vos préférences musicales, vous trouverez dans ce disque une richesse d’expression stylistique allant du confort du classique à l’incertitude du prospectif.
Ecoutez et réécoutez ce remarquable et subtil enregistrement, avec, au-delà de l’instrument soliste, ses discrets mais efficients habillages programmés, il deviendra, très vite, de votre discothèque celtique, néo-celtique, para-celtique, l’un de vos préférés.

Nous vous conseillons, vivement, l’acquisition de cet album au sein duquel Jacques PELLEN, au zénith de son talent, semble synthétiser son parcours artistique, en maniant, avec maestria, racines et ailes…

Gérard SIMON

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Nous vous proposons d'écouter un medley de trois titres extraits de l'album : "Aber", "Le calvaire de Marie O" et "Au coeur de la nuit" (06:47).
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Les titres du CD "A-hed an aber"

01 - A-hed an aber (Jacques PELLEN / Trad) - 08:24.
02 - Elleen Gray's table (Jacques PELLEN) - 06:49.
03 - I loves you Porgy (Georges GERSHWIN) - 05:30.
04 - Aber (Jacques PELLEN) - 06:39.
05 - Her mantle so green (Jacques PELLEN / Trad) - 05:39.
06 - Don't buy ivory, anymore (Henri TEXIER) - 04:31.
07 - Le calvaire de Marie O (Jacques PELLEN) - 05:14.
08 - Ahed of time (Jacques PELLEN) - 04:42.
09 - Lec'h (Kristen NOGUES et Jacques PELLEN ) - 03:41.
10 - Au coeur de la nuit (Jacques PELLEN) - 05:39.
11 - January man (Dave GOULDER) - 04:26.


CD "A-hed an aber" - Jacques PELENN
Parution :18 octobre 2018 - Réf : 4016276
Edité chez PAKER Prod - www.pakerprod.bzh
Distribué par Coop Breizh - www.coop-breizh.fr

© Culture et Celtie

Illustration sonore de la page : Jacques PELLEN - "A-hed an aber" - (Extrait de 00:59)
La page de Jacques PELLEN sur PAKER Prod : ICI


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