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Groupe RETOUR | www.grouperetour.com |
RETOUR … Pour les non-initiés à la forme musicale de cet excellent groupe Nazairien, qu’est RETOUR, la lecture de l’élégante et informative plaquette des Journées Culturelles Bretonnes, éditée, à l’occasion du 59ème Pardon de la Baule, pouvait le laisser supposer : |
et comme il estégalement précisé sur le document : « les chants de bord, du temps des bateaux à voiles. » En fait, si l’univers maritime était, bien évidemment, le même, la forme musicale était « à nombre de nœuds » de ces voix rocailleuses, embrumées de tabac et de bière qui « rugissent » dans les bars mal éclairés, émanant d’hommes burinés vêtus de vareuses et de sabots, droits campés, comme des menhirs, au bout d’un comptoir en zinc. En fait, ce soir, nous avions bien à bord du vaisseau, amarré au port de la Baule, cinq très sympathiques matelots bien décidés à nous faire percevoir que, comme le disait un grand homme d’état « le temps des bateaux à voile et des lampes à pétrole était »…. sinon oublié, ce serait une carence, « … bien finie .» |
« On ne s’est jamais dit : « chansons de marins », on s’est toujours dit « chansons de la mer », RETOUR originaire de la mer, qui puise son inspiration dans les océans. Il est vrai que, Lucky Geslin, Freddy Legoff, Gilles Biger, Bernez Sculo, Manu Nicolo, ont, sur scène, une sacrée énergie pour nous faire partager, nous « donner leur musique maritime moderne » flirtant, par exemple, avec un folkl- rock, aux accents Bretons, Irlandais, voire d’ailleurs…. le groupe ne rentrant pas dans une catégorie musicale stéréotypée. Notamment, sur ce sujet, Lucky Geslin poursuit : « Nous ne voulons pas être mis « dans des cases », les puristes de chansons de marins et les Bretons bretonnants ne nous invitent pas dans leurs fêtes… tout ceci est compliqué. Même dans la musique, en Bretagne, il y a des Ayatollah, mais nous on s’ouvre sur le monde, on s’ouvre sur la mer, donc nous faisons des chansons sur la mer et sur les marins. Il y des influences Irlandaises, Bretonnes mais c’est de la musique actuelle. |
Nous sommes un groupe ouvert qui, lui-même, a évolué. Cela fait vingt-cinq ans que nous faisons cela. Au départ nous étions un peu plus traditionnels, aujourd’hui, nous ne chantons plus « Jean-François de Nantes ». Un peu, de ce fait, nous ne sommes pas invités dans les rassemblements des vieux gréements, ce sont toujours les mêmes qui font la programmation. C’est bien qu’il y ait de la musique traditionnelle, mais la vie évolue et c’est dommage que les gens qui « font » ces programmations n’évoluent pas, eux. » Pour nous, spectateurs, nous sommes, égoïstement, très contents, qu’ils restent amarrés, pour ce soir, aux quais de Loire Atlantique, plus que jamais département de Bretagne Sud !… |
Pour le rappeler, le Gwen Ha du flotte, même dans l’assistance, brandi par un « fan du groupe »... RETOUR, enfanté dans le « 44 », a son originalité, sa spécificité, toute sa raison d’être, car il est différent et novateur, eu égard à une pléiade de formations de ce genre qui hante, pour le pire et le meilleur, les petits ports de pêche Bretons dont les quais croulent, l’été revenu, sous les cortèges de touristes, parfois peu scrupuleux sur la qualité. « Chaque port breton a son groupe de chants de marin parce que c’est ce qui marche bien. La « moule frite », c’est à la mode… Nous le disons même, dans nos chansons, on s’en moque un petit peu, mais c’est un truc pour touristes. Lorsque l’on se ballade du Guilvinec à Lesconil les groupes sont différents mais les répertoires sont, tous, les mêmes. |
On se retrouve avec des gars en vareuse qui font du chant de marins, mais les gens aiment ça. Nous, nous disons avec les copains que si, depuis vingt-cinq ans, ont faisait toujours la même chose, nous ne serions plus là. Nous avons voulu faire un apport, tout en chantant du chant de marins. Plutôt que de chanter « Jean-François de Nantes », nous pouvons, peut-être, parler de la vie de Jean-François. Il y a autre chose à raconter, il y a autre chose à dire .» Et pourtant, ce groupe « prend racine », par exemple, chez Michel Tonnerre, rendons la parole à Freddy Legoff : « Michel Tonnerre, nous nous en sommes inspirés, nous le connaissons personnellement. Nous avons eu une période de notre vie de groupe où l’on se côtoyait assez souvent, d’ailleurs il a participé à l'anniversaire de nos « quinze ans », nous l’avions invité. La démarche que nous avions, car nous nous sommes largement inspirés de ses chansons, de ses textes que nous trouvions jolis… et qui sont toujours jolis d’ailleurs… Notre premier album, nous l’avons construit avec les chansons de Michel Tonnerre dont les autres ne voulaient pas. Nous avons conçu tout cela avec des « rebus » avec des arrangements signés RETOUR. Nous avons toujours partagé cet esprit de voyage et de rêve. Ce que nous souhaitons c’est faire rêver. Si l’on ne partage pas quelque chose avec le public, avec les gens, qu’ils soient cinquante ou mille, le spectacle est raté .» En observant, sur la scène des Dryades balayée par les faisceaux bleus et verts des « phares » disposés là, pour un soir, ces cinq marins, qui ne font qu’un, me revient, en mémoire, une phrase de Michel Tonnerre qui a accompagné les débuts discographiques du groupe RETOUR : « Ce n’est pas vraiment de la mer dont je parle, c’est du voyage… », Lucky Geslin a bien voulu développer ma réflexion : « C’est un voyage musical mais nous, nous sommes restés sur le quai ». Vous verrez, au travers des textes de Freddy, nous avons voyagé avec les histoires que nous ont raconté les marins du Bellem. Nous étions assis sur le gaillard-d’avant, dans le grand ou le petit rouf et nous écoutions leurs histoires. Nous, nous sommes restés sur le quai, sur la jetée Est ou Ouest, nous avons noté leurs histoires. Nous avons presque tous embarqué sur le Bellem, sur des bateaux de pêche, voire, pour certains, sur des plate-formes pétrolières, nous n’y avons pas vécu. Mais nous habitons un port, tout de même .» « De port en port, on irait n’importe où », chantait Catherine Lara. Ce soir, on veut rester là, sur la coupée du vaisseau RETOUR, pour apprécier un concert bien huilé, cohérent, résultant, sans nul doute, d’un travail collectif efficace. « Tout le monde a son mot à dire. On propose une ou plusieurs chansons. Par exemple, pour l’album 2005, nous avons commencé à la construire, en 2004 et nous n’avions pas beaucoup de chansons. Nous essayons d’imaginer ce qui nous plaît d’abord et ce qui peut plaire aussi au public, car ne faut pas être égoïstes, si nous faisions de la musique pour se faire plaisir, nous jouerions dans la salle à manger, chez nous. A partir du moment où nous sommes sur scène, il faut trouver quelque chose qui puisse accrocher. Chacun propose des instrumentaux, des chansons. S’il y en a une qui ne plaît pas à l’un d’entre nous, nous ne la « faisons » pas . Dans la mesure où je chante, c’est plus facile .» Il chante, d’ailleurs, très bien, l’ami Freddy et, notamment dans les « ballades » lorsque sa voix rappelle le timbre de celle du regretté et talentueux chanteur Breton, Jean-Michel Caradec… tout en servant un style bien à lui… |
Les spectateurs très nombreux et « très présents » dans l’arène des Dryades rythment abondamment cette « montée de grand voile »…. Visiblement, ils sont heureux, embarqués dans une belle croisière de rêve. |
Mais le spectacle s’achève alors que l’équipage est rejoint, au pied de la scène, par une nuée de visages enthousiastes. Après ce port d’un soir, il y en aura bien d’autres pour ce groupe qui mérite de franchir d’autres océans. Six CD sont à l’actif de cette formation qui se promène sur la mer de leur vingt-cinq ans d’existence. Le premier d’entre eux, reprend certaines chansons des 33 tours vinyls, dont celles de Michel Tonnerre, mais dans les suivantes, RETOUR est davantage… « Freddy Legoff .» Comme nous le mentionnons dans le début de ce reportage, aussi novateur soit-il, RETOUR n’oublie pas ses racines, ses premiers pas. C’est ainsi que, comme nous le précise Gilles Biger, les musiciens revisiteront certains de leurs premiers titres avec un gros travail en matière d’arrangements. Gilles compare leur démarche musicale à celle, heureuse, des bagadou qui ont su réorchestrer d’anciennes compositions traditionnelles, pour mieux les porter aux oreilles de notre époque. Très bon choix, en tout cas, de la part des organisateurs du Pardon de la Baule, qui, par leur judicieuse programmation, nous ont fait vivre, en matière musicale et maritime… « un RETOUR … sur le futur .» Gérard SIMON |
Culture et Celtie remercie : Gérard JOSSO, vice Président du Pardon de la Baule, qui a bien voulu coordonner notre rencontre avec les membres du groupe RETOUR. Anny MAURUSSANE pour son habile et respectueuse transcription de propos oraux destinés à une version textuelle. |
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