Alan Stivell, un musicien, une oeuvre...
Le reportage...

7 juin 2003
Vivonne : Tournée du cinquantenaire de la harpe celtique
"Au delà des mots..."


Un grand moment d'émotion...
La 14ème édition du "Festival des Musiques d'Ici et d'Ailleurs" de Vivonne accueillait, dans sa salle des fêtes des Vounant, Alan Stivell en ouverture de sa tournée du Cinquantenaire des Harpes Celtiques. Beaucoup de monde présent pour ce premier rendez-vous fixé par le musicien breton.
C'est dans une ambiance conviviale et chaleureuse que le président du festival présente son hôte prestigieux, par ces mots :
"Je suis particulièrement enthousiaste et heureux de vous présenter l'artiste qui nous fait l'honneur d'être à Vivonne ce soir. Je tenais à vous dire combien j'appréciais personnellement ce musicien responsable du métissage des genres et, par conséquent, ouvert à l'entente des peuples"…
Trois belles harpes trônent sous la lumière très feutrée des projecteurs.
Les accompagnateurs de Stivell font leur entrée en scène.
Les trois musiciens vont se montrer, tout au long de la soirée, méthodiques, très concentrés et particulièrement attentifs aux faits et gestes du harpiste.
Le son de l'orgue s'amplifie et monte dans la salle, suivi d'un beau solo de flûte qui transfigure le premier extrait d' "Eliz Iza".
Nous voyons se profiler dans l'ombre la silhouette d'Alan qui s'avance lentement vers ses harpes.

Il pose ses doigts sur les cordes de son instrument et le miracle a lieu : Il enchaîne les extraits de son très célèbre album "Renaissance de la Harpe Celtique", puis, extrait de l'album Brian Boru, interprète "Femmes d'Irlande".
Le son se révèle d'une pureté extraordinaire. L'artiste déroule sa musique comme un récit envoûtant, qui transporte l'assistance dans son univers de musiques celtiques enrobées de consonances électroniques et caressantes.

"Un doigté précis...
le voyage en 'Celtie' commence..."

Photo MLA

Alan s'adresse au public :
"Bonsoir, je voulais vous présenter quelques unes de mes harpes. J'en ai beaucoup et la scène ne suffirait pas à les contenir toutes. A présent nous allons vous jouer mon dernier album "Au-delà des mots".
Limpides et fluides les notes tournoient et s'évaporent dans l'infini du silence.
Il paraissait totalement improbable de retrouver, "in live", la perfection obtenue dans l'enregistrement studio. Nous nous rendons compte de nôtre erreur : touché par la grâce, Stivell va magnifier "Au-delà des mots" durant tout son récital.
Il marque un moment d'agacement au moment précis où la corde de sa harpe se rompt ; il doit renoncer à jouer l'un des morceaux prévus pour ce spectacle, perplexe il fait signe à ses musiciens d'enchaîner :
"Comme quoi, on doit toujours avoir plusieurs harpes avec soi", ajoutera-t-il.
Ce regrettable intermède passé, il reprend "Rock Harp", "Ceux qui sèment la mort", "Brian Boru", "la Suite sudarmoricaine", "Pop Plinn", dans des arrangements nouveaux ; tout ceci "groove" terriblement et les morceaux prennent une autre dimension dans ces versions nouvelles.
Le musicien achève ce très grand concert par des extraits de la "Symphonie Celtique".


"Des notes fluides pour un bonheur partagé..."

Photo MLA

Un triomphe à la mesure d'un harpiste d'exception qui va se produire dans sa tournée la plus aboutie et d'une qualité technique sans précédent…

Après le concert, c'est avec sa gentillesse coutumière qu'il se prêtera, durant deux bonnes heures, à une séance de dédicaces, répondant aux demandes et questions des nombreux spectateurs qui se sont pressés pour le rencontrer et parler avec lui.




Festival de la Côte d'Opale.
Château Musée de Boulogne sur Mer
Le 07 juillet 2003.

Alan Stivell possède un talent certain dans l'art de renouveler ses prestations scéniques.
Après les précédents concerts à l'ambiance nostalgique et consacrés aux albums
"Renaissance de la Harpe Celtique" et "Au-delà des mots", où le chant était presque absent, le harpiste breton a présenté au Château Musée de Boulogne sur Mer, un récital énergique. C'est avec un constant étonnement que nous l'écoutons dans de prodigieux soli Il frotte les cordes de ses harpes évoquant le ressac des vagues et le cri des mouettes, les effleure, les caresse, subjugue le public. Le musicien tutoie la perfection musicale.


Photo MLA

Photo MLA

Dans la seconde partie du spectacle, l'artiste change de ton et prend les choses en main. Alan bouscule les spectateurs avec des morceaux musclés dans lesquels ses accompagnateurs font merveille aux percussions.
Indéniablement, Stivell possède toujours ce charisme qui fascine les foules. Artiste militant, il égratigne volontiers quelques politiques : "On parle de la diversité des cultures et des langues, mais dans l'hexagone on fait tout pour qu'elles disparaissent". Alan enchaîne les titres anciens de son répertoire. Quel plaisir de retrouver sa fine voix qui est pour beaucoup dans le "son Stivell", car si l'on parle volontiers de sa virtuosité instrumentale, n'oublions pas que l'artiste breton est aussi un chanteur de talent. Certains peuvent regretter sa façon de chanter de naguère, pourtant sa voix souple, belle, timbrée demeure particulièrement mélodieuse.

Au cours de la soirée, Alan fait passer quelques messages : "Ceux qui sèment la mort" s'adresse aux individus qui préfèrent servir leurs intérêts financiers et qui sont responsables de catastrophes diverses, comme le "Prestige", par exemple. Ils vont se reconnaître." Très applaudi, il revient sur scène et interpelle avec humour le public debout, avant d'entamer les premières notes de "Tri Martolod" son tube planétaire : "Bon, et bien à présent on peut casser les fauteuils" !


Photo MLA

Au lendemain de son passage à Boulogne, Anaïs Choteau, envoyée spéciale du journal
"La Voix du Nord", parle de la performance musicale du harpiste mais souligne un fait qui nous étonne : "Il n'a chanté qu'une seule chanson connue, l'assemblée est enfin debout, mais il est trop tard".

L'artiste breton aurait-il déroulé, durant les deux heures de son récital, un répertoire inconnu et repris un seul titre connu : "Tri Martolod" ?

Dans ce cas, quels termes devons-nous employer pour évoquer les morceaux joués ou chantés : "Ys", "Bleimor, le Bagad, "Gourin, Pontivy", "Goldraiche", "Femmes d'Irlande", "Brian Boru", "Suite Sudarmoricaine", final de la "Symphonie Celtique", entre autre ?

Nous remarquons en lisant ce commentaire, que souvent, les journalistes dépêchés sur les lieux manquent quelquefois de professionnalisme en ne s'informant pas davantage sur la carrière ou l'œuvre des artistes dont ils doivent couvrir les concerts. Heureusement, le public présent dans l'enceinte du château était connaisseur du répertoire du musicien breton. Il lui a réservé une standing ovation méritée pour la qualité de sa prestation. Face aux nombreux rappels, Alan Stivell est revenu sur scène chanter trois chansons complémentaires, les remerciant ainsi de leur accueil.




Rencontres Internationales de Harpe Celtique
Théâtre des Jacobins - Dinan le 12 juillet 2003


Photo MLA

Quoi de plus naturel en somme que de rencontrer le leader de la musique néo-celtique au Festival International de Dinan ? Le virtuose de la harpe celtique fêtera, l'an prochain, le cinquantenaire de la renaissance de l'instrument dont on ne peut plus le dissocier.
Depuis l'enfance, ils forment un couple prodigieux.
L'artiste a confronté la modernité musicale aux racines de la musique celtique, et a donné à la harpe une place prépondérante. Grâce à lui elle a retrouvé ses lettres de noblesse et elle est sortie des brumes de l'oubli. C'est dire si son passage, lors de cette soirée, constitue un évènement très attendu.
Stivell donnera deux heures d'un concert de haute tenue, jouant de sa technicité. Ses doigts courent et effleurent les cordes de ses harpes, les sons d'une extrême pureté fusent. Il s'agit d'un récital à l'ambiance nostalgique faisant la part belle à l'album
"Au-delà des mots" et à de très larges extraits de
" Renaissance de la harpe celtique". Son tour de chant est bien rodé.

Parlons ici de ses accompagnateurs qui font un travail considérable à ses côtés.
Un groupe de jeunes musiciens au style sobre mais efficace, composé d'un organiste, d'un percussionniste et flûtiste (flûte traversière), d'un batteur. Les trois hommes se font particulièrement remarquer dans les morceaux "Bleimor, le bagad" et "Gourin-Pontivy" où ils interviennent sur de longs soli de batterie et percussions. Effet garanti, les spectateurs exultent. L'organiste apporte une forte contribution dans les beaux extraits de "Goldraidhe", revisité pour la circonstance par le harpiste breton, car si une grande partie de ce concert est un vibrant hommage à son instrument fétiche, n'oublions pas qu'il laisse une large part aux rythmes les plus divers.

"Nous allons fêter l'an prochain le cinquantenaire de la renaissance des harpes celtiques. Je pense surtout à mon père qui a redonné la vie à cet instrument suffisamment fabuleux pour fasciner un enfant de neuf ans et lui donner envie de jouer dessus".


Photo Antoine TILLY

Nous sommes témoins d'un moment inattendu et très fort lorsque Alan se dirige vers le fond de la scène, et s'empare de la belle "Telenn Gentañ" conçue par son père Jord Cochevelou, la porte à bout de bras en signe de triomphe devant une salle debout pour l'ovationner durant de longues minutes. Il n'avait plus rejoué dessus, en public, depuis de longues années
Alan Stivell s'assoit sur scène et place l'instrument devant lui dans un silence général.
Le temps est suspendu alors que nous écoutons s'égrener les notes de la symbolique harpe bardique. Instants précieux, émotionnels et rares que nous garderons en mémoire.

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