La Symphonie Celtique

Convergence d'influences, musique tridimensionnelles, la Symphonie Celtique...

Sphères panceltiques, la Symphonie Celtique "Tir Na Nog", est le paradis des celtes, la terre de l'éternelle jeunesse que bien des récits, légendes et contes celtes nous relatent.

Enregistré en 79 et paru en 1980, le "concept album" est un aboutissement d'un travail mûrement réfléchi. Alan en parlait dès ses débuts et si l'ambition du projet pouvait faire sourire, il tient ses promesses. On aurait pu craindre une approche pompeuse et prétentieuse - on retiendra le caractère universel à cette oeuvre syncrétique et évolutionniste avec ses 3 cercles, ses 3 mouvements distincts et complémentaires d'une heure vingt, "Tir Na Nog" fait aujourd'hui figure d'oeuvre world par excellence, tant elle est ouverte aux cultures frontalières ou éloignées.

Alan chante en Breton, Irlandais, en Anglais mais aussi en Tibetain, Berbère, Sanscrit, Algonquin et Quetchua. 75 exécutants, des invités de prestige dont le groupe Djudjura, le flûtiste (kena) andais, Una Ramos, Narendra Bataju, ancien élève de Ravi Shankar, viennent célébrer cet événement discographique.

Le flûtiste Chris Hayward et Michel Prezman se sont joints à Alan Stivell pour les orchestrations et arrangements. Chceurs, vents, piano, harpes, flûtes, bombardes, biniou, cornemuse, sitar, tabla, tampura, percussions, batterie, claviers, basse, guitare.

Classique dans son fondement, populaire dans ses enracinements, contemporain par son approche technologique, il peut être apparenté aux musiques des sphères que bien des compositeurs ont tenté d'atteindre.
Le caractère universel de "Tir Na Nog" peut être à juste titre comparé, avec le recul, aux passions de Peter Gabriel, "Secret of life plants" de Stevie Wonder.

1 er Cercle : Kelc'Hunan
Premier voyage avec l'introspection et la communication vibratoire avec l'univers.

2 ème Cercle : Kelc'H Daou
Le second voyage traverse une quête troublée par la peur, le néant.

3 ème Cercle : Kelc'M Tri.
Il évoque l'émotion, l'harmonie entre les hommes et les éléments avec la joie retrouvée.

Alan Stivell, précise : "Mon rêve est de continuer à concevoir une musique sans limites, qui serait méditée et improvisée en même temps, en spirales, en volutes, comme le Tristell, centripède et centrifuge à la fois, violente jusqu'à casser la violence et rêveuse jusqu'à diluer le rêve pour y trouver la réalité. Jamais contrainte par l'ordre ou la durée qui régissent le monde dit cartésien.
Une musique des sons qui relèverait plutôt des grands cycles cosmiques intangibles où les celtes ont toujours puisé leurs forces et leur docilité à la nature...
Une musique rapsodique sans construction rigide, régie parle nombre et non par le calcul, s'échappant toujours d'elle-même et où pouvaient se reconnaître l'ensemble des ethnies et des peuples d'où sont issues les grandes traditions aujourd'hui méconnues."

Derrière l'apparente austérité du projet, cette symphonie celtique n'a rien de fastidieux, ou de purement conceptuel. Tour à tour apaisée et méditative, exaltée ou dansante, cette longue fresque ne peut être écoutée en diagonale tant l'évolution haletante jusqu'au point de non retour de la fête finale est indispensable.

Article Thierry MOREAU
qui remercie Bruno Heuzé

"Tir Nag Nog" sera joué à Lorient en 1980 au Festival Interceltique avec 300 musiciens devant 10 000 personnes, puis deux fois dans les années 90.

En novembre 1998, Thierry Moreau interviewait Alan Stivell et abordait la Symphonie celtique :

Thierry Moreau : Ta symphonie celtique a 20 ans.
Qu'en penses-tu avec le recul ?
Penses-tu la rejouer avec de nouveaux arrangements ?

Alan Stivell : Ma symphonie celtique a été enregistrée en 1979, jouée sur scène en 80 au stade de Lorient et rejouée, je crois, toujours à Lorient en 90. J'espère dans quelques années réinterpréter, voire la réarranger un peu et la rejouer. Ca fait partie des projets à faire ; il y a tellement de choses que j'ai envie de faire. J'aimerais avoir le temps...

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