Alan Stivell, un musicien, une oeuvre...
Le reportage...

23 octobre 2003
Grand Théâtre du Quartz - Brest


L'affiche de la tournée du 50ème anniversaire des harpes celtiques
"au delà des mots"

Le musicien breton a commémoré dans l'amphithéâtre du "Quartz" le cinquantième anniversaire de la renaissance de la harpe celtique devant un public attentif et tout acquis à sa cause.

Des couleurs lapi lazuli et turquoise du pays d'Armorique irradient la scène. La harpe de fibro carbone translucide aux formes avant-gardistes, issue des rêves de Stivell, s'irise d'un vert ardent qui n'est pas sans nous rappeler les tableaux flamboyants de Vincent Van Gogh.

Notre regard est attiré par une "œuvre d'art". Posée sur son socle central, la nouvelle harpe de l'artiste attire par sa forme aux lignes épurées et graciles. Blonde et métallique, elle est la résultante du travail d'Alan et de l'atelier Camac de Nantes. L'instrument réunit le meilleur de ses expériences avec les différents prototypes conçus et employés par lui depuis des années, car l'homme aime aussi inventer. Concepteur de ses instruments, Alan fait figure de novateur dans ce domaine.

"La création d'instruments est un prolongement logique, car pour moi, faire évoluer la musique, ce n'est pas seulement des notes, mais aussi des instruments.
J'ai donc trouvé différents luthiers pour réaliser des harpes sorties de mes rêves. Je suis en quelque sorte un luthier virtuel".


Photo de Mireille

Cette tournée du cinquantenaire pourrait apparaître comme un retour aux sources ce qui est loin d'être le cas, tant cet instrument a été le fil conducteur de toute sa carrière, même si il était moins présent dans ses enregistrements passés.

Il est un peu plus de vingt heures trente lorsque les accompagnateurs de Stivell font leur entrée en scène sous les applaudissements. Nous n'avons cesse d'écouter la magnifique ouverture "Eliz Iza" tirée de l'album "Renaissance de la Harpe Celtique". La flûte traversière d'Arnaud Ciapolino et l'orgue de Yohan Berg Daalgoard créent une atmosphère envoûtante. La silhouette de Stivell se profile dans l'ombre, toute de noire vêtue. Il s'avance vers l'instrument, l'enlace avec tendresse, ses doigts parcourent la harpe prodigieuse à la pureté du cristal, dans une longue improvisation. Le silence se fait total dans la salle. Muet et contemplatif, le public manifeste son admiration envers le musicien, dès la fin du premier morceau.

Alan s'adresse au public tout en contemplant sa harpe d'un regard caressant :

"J'espère que vous aimez la harpe. Je vous présente ce soir ma toute dernière. Elle m'est apparue voici huit jours. Elle est issue des ateliers "Camac" Elle est le fruit d'un travail commun entre moi-même et les luthiers de Nantes. J'en suis très content. Elle allie la pureté de la Telenn Gantãn, la première harpe conçue par mon père, à toute la technologie actuelle".

Il se dirige épisodiquement vers la troisième harpe présente sur la scène, la harpe bardique à cordes métalliques pour faire revivre la "Cité d'Ys" dans un prodigieux solo. Puis se succèdent les morceaux "Demain matin chez O'Carolan", "La Celtie et l'infini", le très émouvant "Goltraidhe", les gammes de la tristesse, morceau totalement dédié à son père... La tonalité de sa harpe "Camac" est, en tout, point remarquable. Nous nous laissons séduire par son répertoire et le "joyau" qui vit entre ses mains se faisant tendres lorsqu'il en effleure les cordes.


Photo de Mireille

En homme habile, il alterne les morceaux à l'ambiance nostalgique et douce aux morceaux rythmés où l'on perçoit les notes hispaniques, orientales ou venues du pays du Soleil Levant. Formidable "métisseur", la seconde partie fait la part belle aux rocks celtiques et à sa voix enchanteresse. Les instrumentaux enjoués "Harpe Atlantique" ,
" La Harpe et l'enfant" entraînent le public à frapper dans ses mains en rythme.

Les sons électriques puissants, mais d'une extrême pureté, ne sont pas sans nous rappeler le climat "Floydien". Un light show très étudié vient caresser les harpes sublimes et le musicien dans une atmosphère surréaliste. Arrive le désormais très remarqué "Bleimor, le Bagad" avec son remarquable dialogue aux percussions entre Latabi Diouani et Arnaud Ciapolino à la batterie écossaise. Alan se retire et laisse s'exprimer ses accompagnateurs dans ce duel efficace et très apprécié par le public.

Il y a longtemps que les spectateurs sont debout lorsque Stivell entame "Ceux qui sèment la mort" et le final de la "Symphonie Celtique".…

En guise de conclusion, Alan interprète "le pardon de Spézet", La célèbre "Suite Sud Armoricaine", "Metig" repris par une salle qui a cédé au charme du musicien. Une longue standing ovation rappelle les artisans de cette belle soirée. Souriant, Stivell s'adresse une dernière fois à son public, après avoir remercié et présenté ses musiciens hors pairs.

"Nous allons chanter la dernière chanson ensemble ". Son discours se perd dans la clameur dès que les premières notes de "Tri Martolod" s'élèvent. Dans le souvenir du public présent à ce concert, il n'est pas prêt de s'effacer.

Nous pouvons toutefois être critiques vis à vis de l'article du journal "Ouest France" paru le 25 Octobre. "On regrettera toutefois quelques arrangements superflus, une mise en avant excessive de la batterie, ainsi que l'absence de bassiste".

Nous n'insisterons jamais assez pour dire combien les musiciens de Stivell sont efficaces. Ils apportent, à cette tournée exceptionnelle, leur talent personnel. L'accompagnement à la batterie, de Latadi Diouani et d'Arnaud Ciapolino aux percussions écossaises, n'écrasent jamais les interventions d'Alan à la harpe. L'absence de bassiste se justifie d'autant plus que la richesse de tonalité de la harpe, permet au musicien de s'exprimer efficacement dans ses graves harmonieux, ses médiums ou ses aigus incomparables, que ce soit dans la rythmique ou dans les solis.

Reportage MLA


Photo de Mireille



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