Alan Stivell, un musicien, une oeuvre...
Le reportage...

5 Mars 2004
Théâtre de Cornouaille - Quimper


Back to Breizh pour...
"Au delà des mots..."
La tournée du Cinquantenaire des harpes celtiques s'arrête dans le Finistère
Alan Stivell est à Quimper
au Théâtre de Cornouaille
2 concerts exceptionnels les 4 et 5 mars 2004 accompagné par :
Johan Dalgaard, aux claviers
Arnaud Ciapolino, aux flûtes
Latabi Diouani, aux percussions

Photo MLA

C'est un anniversaire musical auquel le musicien breton attache une importance capitale : le grand retour à la vie de la harpe celtique disparue depuis plus de quatre cents ans. Instrument millénaire oublié, il connaît une fabuleuse renaissance grâce à ce barde moderne toutefois garant de la tradition. Après avoir parcouru les routes de France et d'Europe dans la première partie de sa tournée 2003, le musicien continue son périple artistique. En avant première du festival Nord-Ouest de Quimper, Alan s'est installé pour deux soirées au Théâtre de Cornouaille de Quimper, dans le Finistère.

En pénétrant dans l'enceinte vermillon de ce théâtre, notre regard est capté par les trois instruments très représentatifs du cheminement musical d' Alan Stivell.
Dans l'angle droit de la scène, la harpe bardique en bois et cordes aciers.
En arrière plan, héroïne de la tournée "1 Douar", la harpe de fibro-carbone translucide née de l'imagination de Stivell. Elle subjugue par sa ligne incurvée et semble immatérielle sous son halo doré.
Au centre, véritable prouesse technologique et subtil alliage de l'aluminium et de l'érable, la nouvelle harpe du "troisième millénaire" montée sur son socle de plexiglass.

Caressés par les éclairages évoquant les couleurs de la mer d'Iroise, les musiciens se présentent devant le public sous les applaudissements. Johan Berg Dalgaard, à l'orgue, et Arnaud Ciapolino, à la flûte traversière, ouvrent la partition d'un voyage musical fascinant. L'ombre de Stivell est projetée sur la scène. Silhouette noire, sur chemise de soie beige ornée d'un médaillon celtique, l'allure retenue, il se dirige vers sa harpe. D'emblée, Alan se lance dans une grande improvisation. Le son est exceptionnel, ses doigts glissent avec souplesse et sensualité sur les cordes de l'instrument qui distille ses notes ruisselantes et exquises.

Nous le suivrons dans son parcours deux heures durant, sans retenue, sans aucune lassitude. Alan nous transporte de la cité d'Ys, morceau tiré de l'album "Renaissance de la Harpe Celtique" à l'Ecosse avec "Piberezh" issu du disque "Harpes du Nouvel Age", un enregistrement parsemé d'innovations électroniques qui avait été couronné, en 1986, par un "Indie Award", attribué par l'Association des Producteurs Indépendants Américains. Cette "Suite Ecossaise" au tempo rapide, nous évoque, grâce au jeu et à l'interprétation du harpiste, les sonorités de la cornemuse.

Les accompagnateurs d'Alan sont d'une redoutable efficacité. Faisant preuve d'humilité, Stivell les laisse pleinement s'exprimer dans un morceau très attractif : "Bleimor, le Bagad". Latabi Diouani, à la batterie, et Arnaud Ciapolino, aux percussions écossaises, montrent leur savoir faire dans un monumental duo de percussions qui transporte le public. Alan s'arrête un cours instant et s'adresse au public pour évoquer l'interprétation suivante.
Trois temps, trois arts pour les harpistes : "Suantraidhe", pour la nostalgie, "Geantraidhe" pour les rires, "Goltraidhe"pour les larmes… "Goltraidhe", les gammes de la tristesse ... "nous penserons ce soir à Claude Nougaro …" (l'artiste Toulousin vient de quitter la scène de la vie, hier, jeudi 4 mars). La très prenante ouverture à la harpe de "Goltraidhe" fige le public dans une muette contemplation. Puis, l'artiste breton se retire vers le fond de la scène. Bras croisés, il observe le flûtiste Arnaud Ciapolino, virtuose de la flûte traversière qui entame un prodigieux solo, magnifiquement assisté par Johan Dalgaard, à l'orgue.

Photo MLA
Les silhouettes apparaissent tamisées sous de belles lumières aux tons violines et verts qui donnent aux interprétations beaucoup de mélancolie. Les notes, très prenantes, montent et s'envolent vers les cieux à la rencontre du grand Claude. Nous sommes convaincus que "Nougayork" a su apprécier, à sa juste valeur, un tel hommage fait par de si beaux musiciens.
Les morceaux rythmés de "Metig", de la "Suite Sudarmoricaine" et de "Tri Martolod" ont conclu en apothéose ce récital qui a "mis le feu"au Théâtre de Cornouaille.
Photo MLA
Autant dire que nous ne partageons pas le point de vue du journal "Ouest France", qui titre, le lendemain, "Un concert d'Alan Stivell qui laisse sur sa faim". Le quotidien regrettant l'intervention des percussions avec la douceur de la harpe et de la flûte. "La palpitation d'un tambourin ou la note aigrelette d'une bombarde aurait suffi à rythmer ce concert".

De la Celtie à l'infini, Alan a engagé ses harpes dans ce nouveau millénaire. Dans les deux grands concerts donnés à Quimper, nous avons entendu toute la palette sonore de ses instruments et de sa belle alliance avec la flûte et les percussions.
Ce tour de chant teinté de nostalgie et rock à la fois, n'était semble-t-il , pas très évident au départ. Il s'avère que dans ses choix, l'artiste demeure irréprochable.
Alan n'a rien perdu de "sa superbe". Inventif, il demeure le musicien le plus créatif de sa génération, voire de toutes générations, celui qui prend le plus de risques, une option parfaitement louable et défendable.

Reportage MLA




REPORTAGE PRECEDENT

ENTREE DU SITE