Alan Stivell, un musicien, une oeuvre...
Le reportage...

11 Mars 2004
Théâtre Galli - Sanary-sur-mer


Sanary-sur-Mer est un authentique petit port de pêche niché au cœur de la Provence entre Marseille et Toulon. Cette petite cité méridionale aux odeurs salines, a conservé toute son âme et charme par sa douceur de vivre. Barques et "pointus" s'y abritent du Mistral.

Dans une tournée "point d'orgue" consacrée aux harpes, le spacieux théâtre Galli, a accueilli Alan Stivell et ses musiciens pour un voyage au cœur de la musique bretonne et, plus largement, celtique, teintée de sons "new âge", de rythmes "jazzy" et de multiples influences africaines et orientales.

Créateur d'un nouvel univers musical, et libéré du systématisme d'utiliser une cornemuse ou une bombarde pour "faire couleur d'Armorique", l'artiste breton jouera une musique raffinée devant une assistance extasiée par la beauté du son.


Arnaud Ciapolino et Yohan Dalgoard ouvrent le spectacle. Ce magnifique duo prépare l'entrée de Stivell sur scène qui s'effectuera, quelques instants plus tard, sous les applaudissements nourris d'un public connaisseur. Alan effleure les cordes de l'instrument avec tendresse et fait découvrir aux spectateurs les sonorités insoupçonnées de ses harpes. Harpes de vie et de lumières, elles s'ourlent d'or, de mauve, de bleu ou de spirales multicolores au gré des éclairages qui "flattent" les instruments et caressent avec douceur le musicien.

Les yeux clos, plongé dans une concentration extrême, il semble mener une révolution en douceur. De la "Celtie à l'infini", l'artiste nous transporte vers les landes et les genêts des "hauts de Cornouaille". En sa compagnie, nous voyageons sur les "Route de l'étain" en passant chez "O'Carolan". Alan laisse ses musiciens, Arnaud Ciapolino et Latadi Diouani, s'exprimer avec talent dans "Bleimor, le Bagad ".

Photos MLA

Alan s'adresse au public et parle de son indignation envers les responsables qui méprisent l'écologie de notre système :
"J'ai écris cette chanson au moment de la dernière marée noire, je constate que rien n'a changé et que tout reste malheureusement, d'actualité. Je serai toujours scandalisé par ceux qui dénaturent et détruisent notre terre".
Dans ce titre "Ceux qui sèment la mort" la harpe devient soudainement "guitare électrique" entre les doigts d'Alan qui enchaîne les riffs musclés, les effets de distorsion, dans un long et stupéfiant solo. Les changements de tonalité de l'instrument donnent vie à ce morceau qui vibre et stupéfie les spectateurs tandis que des éclairages "flaschant" profilent dans la salle et sur la scène l'ombre magnifique de la harpe et de son maître.

Alan poursuit son "Tro Breizh" mais sa musique exprime un monde sans frontières, sans domination, respectant toutes les différences ethniques et culturelles.
"J'ai chanté cette chanson dans les années soixante dix. A cette époque, les paroles étaient grivoises. J'ai écrit un nouveau texte en français pour parler du problème de la langue bretonne, mais aussi de toutes les langues régionales ou minoritaires qui sont menacées. J'entends beaucoup parler de l'importance des diversités culturelles dans la bouche de gens qui s'en fichent pas mal, d'ailleurs… Il n'y a qu'à voir ce qui se passe avec les écoles Diwan, par exemple…

Stivell entame sa chanson, sa voix glisse avec souplesse et sa harpe se fait tout à coup rugueuse dans la "Suite Sud Armoricaine". Il est efficacement secondé par ses accompagnateurs, décidément irréprochables et l'ensemble est harmonieux. Visiblement amusé, Stivell, interpelle les spectateurs et leur demande de reprendre le refrain avec lui, l'assistance répond joyeusement à cette sympathique invitation. Place à "Metig", qui, par son rythme entêtant et syncopé, nous ramène vers la Bretagne et invite le public à danser.

Les quatre musiciens quittent la salle après maints rappels dans l'allégresse générale non sans avoir interprété l'emblématique et très attendu "Tri Martolod".

Reportage MLA




REPORTAGE PRECEDENT

ENTREE DU SITE