Alan Stivell, un musicien, une oeuvre...
Le reportage...


24 juillet 2004
Le Pavillon - Quimper

"... une soirée qui allait enflammer le public lorsque le "barde mythique" est entré sur scène, une véritable clameur s'est élevée et l'enthousiasme n'a plus quitté le public..." OUEST-FRANCE - 26 Juillet 2004................"... un spectacle intense, mené crescendo jusqu'à l'explosion de bonheur..." LE TELEGRAMME... - 26 Juillet 2004

Il nous le "clame" d'entrée, lorsqu'il pénètre sur la scène du "Pavillon" archi comble, après les premières vagues musicales d'un "Eliz Iza" envoûtant distillé par ses musiciens Johan Dalgaard et Arnaud Ciapolino, respectivement aux claviers et à la flûte : Alan Stivell est vraiment très heureux d'être là, ce soir, au cœur de ce 81ème Festival de Cornouaille de Quimper... et ça se voit !


Photo Gérard SIMON

Il faut dire qu'il le connaît parfaitement ce Festival, l' enfant de Gourin, ville de haute Cornouaille. Il l'aime SA capitale Bretonne pour avoir, notamment, parcouru la rue "Styvel", inspiratrice directe de son nom d'artiste qu'il prend en 1966... il nous parle même de ses séjours à Quimper, chez Yann Brekilien, l'auteur du livre "Alan Stivell ou le folk celtique" paru en 1973 et père de son fidèle complice Youenn Sicard, talabarder avec lequel il a remporté, à la cornemuse, le titre de Champion de Bretagne dans la catégorie couple de sonneurs.
Youenn est, d'ailleurs, à cet instant, présent dans la salle, Alan le souligne. C'est dire si le concert sera à l'image du plaisir intense et de l'émotion qu'éprouve l'éternel "jeune homme à la harpe" qui, tout sourire, est devant nous, ce soir.

Mon voisin, ravi aussi de revoir le "grand frère Breton" se penche, un instant, vers moi et semble me justifier sa fidélité au barde magique qui remonte aux années 70... tout comme pour moi... on se sent en famille. Un sourire de gamin émerveillé illumine son visage. Je regarde plus largement autour de nous, l'assistance est, elle-même, dès les premiers instants, radieuse.
Alan nous a immédiatement immergé, par ses mots simples et sincères, dans le bonheur qui, par son authenticité évidente va engendrer la beauté, une beauté collective entre
"celui qui donne et ceux qui reçoivent…et qui remercient".
Ce récital va indiscutablement se dérouler dans une ambiance d'exception.
L'excellence, tout de suite perceptible des musiciens qui secondent le maître, n'échappe à personne.
Pour ma part, ayant assisté à plusieurs concerts de cette magnifique et mémorable tournée du 50ème anniversaire célébrant la renaissance de la harpe celtique, j'attends avec impatience... la nouvelle rythmique que va nous proposer le percussionniste Khlifa Rachedi qui, depuis le concert de Le Turretot (76) remplace le précédent batteur Latabi Diouani. Le nom de ce dernier est d'ailleurs, par erreur, toujours mentionné dans la presse régionale, et même, ce qui est plus fâcheux, lu au micro de la salle dans le message qui précède immédiatement le spectacle. J'imagine qu'il fut difficile pour le musicien d'entrer en scène présenté sous le nom de son prédécesseur. Heureusement, les musiciens forment une grande famille et cette substitution patronymique restera la seule fausse note de la soirée...
Khlifa Rachedi, nous l'avions connu aux côtés d'Alan lors de la tournée "1 Douar" et j'avoue que j'appréhendais, un peu, le côté parfois trop dominant qu'il imposait, alors, dans la tournée de 1998, certes plus "africaine".
Ma crainte a vite été éradiquée par le jeu subtil et dosé de ce ténor des percussions exotiques, tout habillé de blanc et coiffé de son éternel bandana.
Rassuré et conquis, j'attendais avec impatience le rendu du morceau, clef de voûte du concert, "Bleimor, le Bagad", à la fin duquel Arnaud Ciapolino, à la caisse écossaise,
"dialogue" frénétiquement avec le percussionniste. Qu'allait devenir cette superbe fresque, photographie souvenir de l'époque où Alan défilait en Penn Soner dans les rues de Quimper, à la tête du Bagad Bleimor ?
Je dois dire que cette nouvelle sonorité de percussions m'a vivement intéressé et, puisqu'il s'agissait de l'évocation d'un bagad, m'a beaucoup rappelé la nouvelle ambiance musicale structurelle qu'offrent, notamment en concours, les célèbres formations bretonnes en fusionnant les instruments bretons traditionnels avec les jambés, bongos, tablas et autres instruments venus de continents voisins. Encore un tour de force "Stivellien" permettant à l'image traditionnelle d'un Bagad tel que Bleimor de se projeter dans la coloration actuelle des bagadou, aujourd'hui à la fois, plus
"symphoniques" et "universalistes".
Pour certains, ce nouvel habillage rythmique peut apparaître moins brillant et percutant que celui qui régnait lors de la prestation de Latabi Diouani, et de ce fait, cette version du morceau peut sembler moins en exergue du reste de la prestation artistique d'Alan qu'elle était par le passé.
Je n'énumérerai pas les titres de ce tableau musical que nous peint, à chaque spectacle, cet artiste d'exception qu'est Alan Stivell et dont vous connaissez déjà les paysages, au travers de nos pages "reportage" consacrées à cette tournée, mais je retiendrai tout particulièrement :
- le poignant "Goltraidhe", hymne de tristesse où l'émotion d'Alan crispe un instant son visage, lorsqu'il prononce quelques mots pudiques sur la mort de son père, véritable créateur et inspirateur de sa longue et belle carrière.
- le "coup de gueule" contre ceux qui, au nom du seul profit, "sèment la mort" sur nos mers, et qui devient ce soir très "rock" grâce sa harpe de haute technologie qu'il a imaginée. Celle-ci permet à Stivell, de concert en concert, d'en exploiter de plus en plus les capacités techniques et musicales, et d'exprimer, par son jeu, sa colère légitime et partagée, avec des effets de guitare électrique torturée d'où émanent, en complainte finale, le cri simulé des mouettes engluées dans le pétrole dévastateur d'un Erika ou d'un Prestige... Tout au long du spectacle, des lumières particulièrement "léchées" embellissent... la beauté !

Photo Gérard SIMON

Le final de la "Symphonie Celtique" sera le
"kenavo" de cette réelle rencontre avant que la salle, debout et bruyante, réclame les deux "fondamentaux" de ce magistral musicien qui se projette avec une maturité absolue dans un avenir créatif très prometteur.
Vous l'avez deviné, nous en arrivons au célèbre "Tri Martolod" et à la non moins légendaire "Suite Sud-armoricain" au cours de laquelle l'artiste, séparé de ses hôtes par une scène très haute perchée, parviendra à recueillir avec son micro tendu vers nous, des "la la la la léno" puissants et massifs, chant de remerciements d'un public vraiment conquis.

Comble du bonheur, nous verrons même Alan ponctuer les derniers instants de ce mémorable concert d'un jeu improvisé sur les percussions de Khlifa. Décidément du grand, du très grand Stivell pour ce 81ème festival de Cornouaille...

Reportage Gérard SIMON




Klifa Rachedi :
Ce percussionniste poursuit une carrière atypique mais en étroite relation avec la musique celtique. Depuis plusieurs années, Klifa participe aux enregistrements d'artistes aux horizons musicaux divers tels qu'Iness Mezel, Luc Cherki, Les Ninos de Sara, Patrick Abrial. Sa contribution musicale auprès des artistes venus du pays d'Armorique est impressionnante. Il collabore étroitement à de nombreux arrangements et accompagne aux percussions Philippe Dardel, Antoine Busquet dans le disque "Nylan Tanus". Il rencontre Tomaz Boucherifi-Kadiou, Claude Samard, ex guitariste d'Alan Stivell, dans le disque "Krozal".

En 1998, il rejoint Alan Stivell sur sa tournée
"1 Douar" auquel il apporte son efficace contribution rythmique. Aujourd'hui, Klifa Rachedi accompagne le grand musicien breton pour la suite de sa tournée consacrée au cinquantenaire des harpes celtiques en remplacement de Latadi Diouani parti sur une autre tournée. Klifa apporte, soutien et prolonge, par sa couleur musicale articulière, les musiques sublimes de Stivell. Sans écraser ses interventions à la harpe, il ordonne avec talent ses silences et ses tempos.

Article MLA.


Photo Gérard SIMON


Animation GS d'après les photos du grand défilé breton de Nathalie Simon et d'Alan Stivell de MLA




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