Alan Stivell, un musicien, une oeuvre...
Le reportage...

7 mai 2005
Saint-Malo - Festival International du livre
"Etonnants Voyageurs"

Le fameux festival malouin du livre s'est déroulé, cette année, du 4 au 8 mai.
Il a accueilli, comme chaque année, près de 250 auteurs.
Parmi eux, Alan Stivell était présent pour une séance de dédicaces sur le stand de la Droguerie de Marine (librairie maritime et bretonne), le samedi 7 mai.
Il est venu rencontrer les lecteurs de son dernier ouvrage, paru fin 2004 aux Editions Le Télégramme, “Telenn, la harpe bretonne”.

Dans ce livre, il retrace, en compagnie de Jean-Noël Verdier, l’histoire de la renaissance de l’instrument mythique, depuis la construction de la “Telenn gentañ” par son père Jord Cochevelou jusqu’à sa nouvelle création réalisée en collaboration avec la société Camac.

A cette occasion, Yann-Bêr a eu, en effet, la joie et l’honneur d’accueillir Alan.

Il a réalisé, pour notre site, cette interview exclusive à laquelle Alan a bien voulu, avec sa gentillesse habituelle, se prêter.
Nous le remercions très chaleureusement.

D'après le texte d'information de Yann-Bêr publié, initialement, publié sur la page Infos et Concerts.


Alan et Yann-Bêr.
Alan toujours prêt à discuter avec son public...

Yann-Bêr : Bonjour Alan et merci de m'accorder un peu de votre temps pour cette interview exclusive qui sera publiée sur le site internet "Alan Stivell, un musicien, une oeuvre...".
Je suis heureux de vous retrouver au cours du Festival "Etonnants Voyageurs" de Saint-Malo. Venez-vous souvent dans cette ville ?

Alan Stivell : St-Malo, je n'habite pas très loin et j'étais persuadé, en m'installant dans la région de Rennes, que je viendrais tous les deux ou trois jours. En fait, c'est beaucoup moins souvent. Mais c'est vrai que la mer n'est pas loin . C'est une mer assez vivifiante et même assez inspirante musicalement.

Y-B : L'objet de votre présence sur le Festival était une séance de dédicace du livre "Telenn, la harpe bretonne". Quel a été l'accueil réservé à cet ouvrage, en général, et que pensez-vous du public venu vous rencontrer ?

A. S. : En général, on est quand même assez content, on a dépassé les 5000 exemplaires vendus. Ce qui n'est pas trop mal pour un livre sur un thème qui peut paraître au départ assez austère. Après est-ce qu'on a réussi à faire toutes les émissions TV ou radio de toute la planète, ça, je ne crois pas. Ce qui me paraît important, c'est que les gens qui ont vraiment voulu le lire ont pu le faire. Le but était là, d'écrire, de faire publier et que tous les gens intéressés par le sujet puissent accéder à ce livre.
Quant au public, il est très mélangé, ça va vraiment d'un petit enfant qui suit des cours de harpe jusqu'à des personnes qui m'ont connu dans le passé, le panel est, à mon avis, relativement total.

Y-B : Vous avez écrit ce livre en collaboration avec Jean-Noël Verdier, qui reste très discret. Pouvez-vous nous le présenter un peu ?

A. S. : Ah ! Jean-Noël n'a pas été si discret que vous le pensez, il a réalisé des séances de dédicace, des interviews, surtout sur Paris. Nous avons même fait une séance de signatures commune lors du dernier salon du livre de Paris.
Il a une approche très différente de la mienne. Il est, évidemment, passionné par la harpe mais il a un côté très organisé et sait aller chercher des précisions, très rigoureusement. Il est médecin et organise son travail de manière scientifique alors que moi, sans être complètement désorganisé, j'ai, quand même, moins de rigueur.
Le fait de travailler à deux a beaucoup apporté au livre. Déjà quand une personne passionnée par un sujet envisage des recherches, elle peut aller très loin. Mais quand deux se rencontrent, sur un même thème, avec des approches différentes, les idées sont encore plus étendues.

Y-B : "Telenn, la harpe bretonne" est paru dans le cadre du 50ème anniversaire de la renaissance de la harpe en Bretagne. N'avait-il pas également pour but de faire cesser la polémique autour de la paternité de cette renaissance ?

A. S. : En fait, c'est assez compliqué comme histoire. A un moment donné, on doit des choses à plein de monde. Moi aussi, je dois des choses à plein de gens. Mais le public, lui, a droit à une certaine objectivité dans la chronologie pour essayer de clarifier un certain nombre de choses. Par exemple, je ne vais pas dire que j'ai inventé les bagadoù, que j'ai fait renaître le biniou et la bombarde. Chacun a fait ce qu'il a fait et il ne s'agit pas d'occulter ce qu'on fait d'autres personnes mais d'être précis afin de permettre de comprendre comment se sont déroulés les évènements et d'être, ainsi, le plus proche de la réalité.
Pour la harpe, j'ai attaché beaucoup d'importance à la notion qui prépare sa renaissance. Mais il n'y a pas eu renaissance avec la venue d'un harpiste gallois dans un Goursez (Réunion de druides) ou avec la construction d'une harpe par un breton, au Pays de Galles, alors que personne ne le sait en Bretagne. La renaissance, c'est quand on joue de la harpe, et que tout à coup il se passe quelque chose : d'autres ont envie d'apprendre à jouer, de construire des harpes à leur tour. Et cette renaissance n'intervient qu'après la harpe de mon père.

Y-B : Le 50ème anniversaire aura été très riche : un disque "Au-delà des mots" ; un coffret CD-DVD "Parcours" ; une tournée internationale ; le livre aussi. Il y eut un cinquième événement majeur : la naissance de la nouvelle harpe Stivell-Camac-1. Sa première présentation, en concert, eut lieu ici même à St-Malo en octobre 2003. Cette nouvelle harpe a-t-elle répondu à vos attentes ?

A. S. : Disons que, parmi les harpes construites avant celle-ci, la dernière "Leo Goas" à cordes métalliques reste un très bon instrument. Les autres sont, maintenant, dépassées et même la harpe "plexiglas" ne me satisfaisait plus.

Y-B : Pourtant quel instrument mythique !

A. S. : Oui, mais la nouvelle Stivell-Camac a de nombreux avantages, le passage des cordes par le milieu, les clés de guitare pour l'accordage, le fait d'être entièrement
"midi" et d'être très stable à l'accord.

Y-B : Pensez-vous pouvoir aller encore plus loin dans la création d'instruments ? La collaboration avec Camac va-t-elle se poursuivre ?

A. S. : Alors là, je ne sais pas si je peux l'annoncer déjà maintenant, je vais plutôt attendre qu'ils le disent eux-mêmes. Il y a un projet mais je ne dis rien encore.

Y-B : Lors des concerts de ce printemps, les guitares ont refait leur apparition, donnant une teinte plus "rock" au spectacle. Est-ce l'annonce d'une nouvelle spirale de votre œuvre, un nouvel album ?

A. S. : Eh bien oui, c'est prévu pour janvier. Maintenant j'espère que je vais tenir le cap parce que, à un moment donné il y a quand même des difficultés à tenir un planning à cause de l'actualité ou tout simplement de la préparation qui peut prendre plus de temps que prévu.

Y-B : Outre ce prochain album, allez-vous travailler à nouveau dans la lignée de la "Symphonie Celtique" ou de "1 Douar" qui ont montré l'universalité de la musique celtique et ont permis la rencontre avec de nombreux artistes ?

A. S. : Pas dans l'immédiat car on ne peut pas tous les jours envisager ce genre de collaboration, rien n'est cependant impossible à l'avenir. Sur le nouvel album, il est évident qu'après avoir fait tout ce que j'ai fait pour la harpe ces derniers temps, je laisserai plus de place au chant, à un accompagnement instrumental plus varié. Mais je ne veux pas divulguer certaines choses car je veux rester très libre par rapport à ma façon de travailler et à mon évolution, donc je préfère ne pas trop en parler maintenant.

Y-B : Tout à fait d'accord avec vous. Donc pour résumer : un projet pour la harpe, un autre avec un nouvel album, les fans vont attendre.

A. S. : On peut quand même annoncer les rééditions qui auront lieu cette année avec une nouvelle maison de disques "Harmonia Mundi". Quatre albums ressortiront au printemps dont "Dublin", "Brian Boru", la "Symphonie ", quatre autres à l'automne. Les disques seront remasterisés pour une meilleure qualité sonore et j'ai beaucoup retravaillé sur les livrets afin de donner plus de renseignements sur les titres.

Y-B : Trugarez vras deoc'h, Alan. Kenavo ! (Grand merci à vous Alan. Au revoir !)

A. S. : Kenavo !

Interview exclusive : Yann-Bêr.


Rencontre avec d'autres auteurs,
ici Roger Gicquel.
En signant son livre, Alan dialogue en toute simplicité...



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