Alan Stivell, un musicien, une oeuvre...
Le reportage...

06 avril 1984
Concert à l'église de Langonnet

C'est sûrement le plus petit trajet qu'Alan Stivell aura réalisé, ce soir, pour donner un concert...
I
ll joue chez lui, en solo, à l'église de Langonnet, dans le cadre de cette fameuse"tournée des cathédrales".
Tous ces édifices ont en commun l'avantage de restituer une acoustique idéale et une atmosphère très intime. On voit, d'ailleurs, une très belle illustration de l'intérieur de cette église sur la pochette de "Trema'n Inis" qu'Alan a également enregistré, en solo, et où on le voit poser avec sa harpe.

L'église se remplit assez rapidement. Il y a là, des gens de tous âges, habitants de Langonnet et des environs venus voir "l'enfant du pays" et quelques passionnés, j'en fais partie !, qui ont fait spécialement le voyage pour ne pas râter ce moment qui se promet d'être authentique et intime.
La petite harpe claire aux formes épurées fait face à l'autel, elle est accompagnée de sa grande sœur, plus âgée qu'elle : la toute première, celle sortie des mains de Monsieur Jord Cochevelou,, le papa d'Alan… Elles attendent leur maître qui ne tarde pas à faire son entrée...

Souriant, détendu, son inséparable grand Triskell sur la poitrine, Alan annonce qu'il n'a pas eu, en effet, grand chemin à faire et que c'est la première fois qu'il a le plaisir de donner un concert chez lui, dans son église paroissiale.
Que cela fait drôle, tout de même, de le voir là, en toute simplicité et intimité devant un peu plus d'une centaine de personnes quand on sait qu'il s'est produit dans de grands stades de plus de quinze mille !…
Mais ce soir, il est là uniquement pour les quelques privilégiés que nous sommes et nous comptons bien en profiter "égoïstement".

D'autant que, pour l'occasion, Alan nous a réservé la primeur des morceaux acoustiques de son dernier album "Légende".

Animation GS d'après fusain de MLA

Nous écouterons ainsi successivement la mélodie de "Tour an Arvor", issue du Barzaz Breiz et qui illustre le film de Monique Enckell "Si j'avais 1000 ans", l'entraînant Reel "Eireog shineidin" et les tableaux à la harpe dans "La venue des peuples-dieux". Nous sommes vraiment ici emmenés dans un univers magique de "légende" et c'est déjà tout transportés que nous débarquons sur un territoire plus connu où Alan a sélectionné des morceaux qu'il jouait plutôt en soliste, extraits de ses derniers albums. Ainsi nous écouterons successivement "Ys", "Gaeltacht", "Eliz Iza", le merveilleux, a-capella, "Marv ma Mestrez"… parmi d'autres. Il reprend, également, plusieurs morceaux de l'album "Trema'n Inis" et notamment de larges extraits du très émouvant et très beau poème de Paol Keineg : "Hommes liges des talus en transe". Bien que le temps extérieur soit parfaitement clément, la harpe égrène ses notes comme des gouttes de pluie :

Il pleut sur les coqs de bruyère,
Il pleut sur les constellations de bouleaux blancs,
Il pleut sur les charrues matinales barbouillées de terre glaise,
Il pleut sur le pain chaud au sortir des fours visités d'un gros feu tranquille...

Quel beau texte !

Puis notre barde se laisse aller à une petite improvisation avec ses deux harpes comme il aime le faire, pour notre plus grand plaisir. Son regard croise alors celui d'une autre personne au premier rang, leurs têtes dodelinent doucement ensemble au rythme de la musique… A la fin du morceau, Alan remercie cette personne d'un petit sourire… Quel joli moment de partage !

La seconde partie du concert est un peu plus rythmée et le musicien, en parfait "homme-orchestre" passera de la flûte à la bombarde puis à la cornemuse, brillante dans cet édifice, pour interpréter un "Ian Morrisson Reel" plus vrai que nature.
La petite église baigne dans l'allégresse et c'est avec regret que nous laissons notre artiste se retirer à la fin du concert…
Les moments de grâce sont toujours trop courts !

Reportage Mireille




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