Alan Stivell, un musicien, une oeuvre...
Le reportage...

12 août 2006
Alan au Festival du Bout du Monde de Crozon

Pour sa seule et unique date de concert de l'été en Bretagne depuis la sortie de son CD "Explore", il m'était impossible de rater la prestation de "notre barde" dans le cadre de la septième édition de ce festival se déroulant du 11 au 13 août. C'est aussi la deuxième fois qu'Alan y participe. Rien d'étonnant à cela puisque la particularité de cet événement est de rassembler une frange d'artistes issus de toutes les cultures du monde. Cette année, Stivell est la seule "tête d'affiche" représentant la Bretagne. Les chanteurs venus de la Guyane et de Norkst se produisant au cours des deux autres journées. Métissage de musiques et d'influences chères au musicien, nul doute que celui-ci prenne un très grand plaisir à être invité à cette manifestation qui se déroule, une fois de plus, à guichets fermés avec un copieux plateau composé de 31 groupes et plus de 270 musiciens répartis sur trois scènes.

Grosse affluence donc, et une sinécure pour les gens qui, comme moi, sont très peu coutumiers de ces rassemblements géants car il n'y a pas que le festival qui soit "au bout du monde"... la scène aussi ! Près de deux kilomètres à parcourir avant de l'atteindre, des files d'attentes interminables, il faut vraiment avoir envie de voir l'artiste... Mais cela fait plus de deux ans que je ne l'ai applaudi, alors, je serre les dents pour braver et traverser les groupes enivrés et bruyants sur une mer houleuse et
"ramer, ramer" jusqu'à la scène tant convoitée... Heureusement, une "fenêtre météo" se profile : le groupe précédent, "Cheikh Lô", vient de terminer son spectacle. Les vagues se disloquent et je perçois un chenal étroit, sur le côté. Allez, courage !… plus que quelques derniers coups de "pagaies" à donner !... La chance me sourit : des connaissances, que je n'avais pas revues depuis très longtemps, me font de grands signes... Eux aussi ont souffert pour arriver là ! Je leur lance : le "bout" … et me voilà amarrée à quai, juste en face du plus beau des vaisseaux qui se dresse devant nous avec sa grand-voile. Je vais pouvoir souffler et bien que la mer demeure assez forte, il suffit à nous cinq de faire notre petite bulle et d'attendre notre harpiste. Mais, l'inconvénient, c'est, qu'ainsi positionnés, le regard sur l'ambiance ne pourra émaner que de notre échouage... Un coup d'œil aux alentours nous permet de constater que, contrairement aux derniers concerts auxquels nous avons assisté, le public n'est pas vieillissant, tous les âges sont représentés ainsi que les genres, hauts en couleurs... métissages culturels ! Nous ne pouvons plus bouger, mais qu'importe, nous sommes, finalement, très bien placés...

Alan est très attendu et bien qu'il ne soit pas en retard, des voix impatientes l'appellent, y compris en breton : "Alan !... Alan !... Lanig !... Deus 'ta !..." Il faut trois quarts d'heure pour préparer la scène et le splendide "vaisseau" méticuleusement "armé" par un technicien, souriant aux appels impatients... ce qui ne facilite pas sa tâche !

Mais ça y est ! Il arrive "notre Alan..." Tiens ? Tout de suite, et seul ? D'ordinaire, enfin la dernière fois que nous l'avions vu, c'était les musiciens qui entraient en premier ! Il n'était pas annoncé qu'il soit seul et rien ne le laissait présumer dans les préparatifs de scène... Suspense... Nous nous attendons, bien-sûr, à ce qu'il commence par l'un des titres phares de son tout dernier album "Explore" mais il monte tout de suite "à bord" et annonce : "nous allons commencer par un morceau sur le thème de la ville d'Ys"... C'est donc avec un extrait très connu, issu de "Renaissance de la harpe celtique" qu'il entame sa prestation. Ce n'est pas plus mal, cela va calmer un peu le ton et cela marche très bien ! L'audience autour de nous se fait tout de suite bien plus sereine et attentive. J'entends une variante musicale, au moment où Alan était coutumier de fredonner, à la place du violoncelle dans l'opus d'origine, il entame quelques paroles en breton qui se prolongent sur le même effet vocal. Tout en restant dans la même ligne mélodique, il enchaîne avec la chanson "Ar Voaerion" tirée de l'album "E Langonned", morceau que nous n'avions plus entendu sur une scène depuis bien des années !
Animation GS
d'après photos de MIREILLE

La voix reste fidèle à elle-même et la harpe, ce bijou de technicité, obéit au moindre de ses gestes. Maintenant, peu importe la place à laquelle on se trouve dans le public, de loin ou de près, on sera toujours assuré de l'entendre ! La seule chose qui tracasse encore le musicien est : "qu'elle ne soit pas encore entièrement automatique" et qu'il doive, encore, changer certaines clés en fonction de ses interprétations. Curieusement ce seront les autres instruments qui rencontreront, un peu plus tard, des petits problèmes de balance...

Enfin, ses accompagnateurs, mentionnés sur le site, lors du concert de Gagny, montent sur scène. Alan les présente à la foule. Parmi eux, nous ne reconnaissons qu'Arnaud Ciapolino qui produit toujours son petit effet auprès du public dès que son nom est cité ! Malheureusement, nos voisins sont bien trop bruyants pour que nous ayons pu apprécier pleinement la qualité de son doigté.

Franchissons quelques étapes temporelles du spectacle, pour passer de morceaux très anciens à des titres plus récents tels "La harpe atlantique" issus du disque "Au-delà des mots", ce dernier agrémenté d'une petite improvisation comme seul Alan sait les jouer, suivi de "la Celtie et l'Infini". La harpe, vous l'avez compris, sera donc extrêmement présente dans ce concert. C'est toujours un régal de voir le musicien lié à ce point à elle : il la cajole, il l'effleure de partout, de haut en bas, avec ses mains, avec ses pieds, il ne la quitte quasiment jamais, même lorsqu'il chante, seul au micro, sa main reste, encore, tendue vers elle... Il veille sur elle comme un oiseau veillerait sur son petit... Après ces extraits d' "Au-delà des mots" nous écoutons "Brian Boru", "Marig ar Pollanton", très peu joué depuis des années également !... Et toujours aucun titre du nouvel album !

Mais les voici ! Alan enchaîne avec l'un de mes préférés : "Te" ! En tant que femme, je me sens toujours très touchée par ces mots : "N'eus gêr ebet, n'eus gêr ken evit lâr ma c'harantez"... Quelle magnifique chanson d'amour dédiée à qui l'on se doute.... Suivent, "Druidic lands", "Menez", mêlant le son du bagad Bleimor à celui du saxo. Nous croyons que cela va se prolonger... et bien non ! Retour à "Renaissance de la harpe celtique" avec "la Suite Irlandaise" qui est, aussi, l'un de ses grands classiques, cela se ressent dans le public bien que "mer reste assez forte". Les agents de la sécurité sont contraints d'évacuer quelques éméchés... Quel dommage, ces individus n'ont rien à faire ici, si ce n'est gâcher la prestation des artistes avec leurs libations...

Revenons à "Explore" avec "Miz Tu", la voix d'Alan se fait rockeuse et interrogatrice... "'Vo ket tu, 'vo ket tu diouzhtu Met tu pe du, Gwenn pe du, 'Vefe tu Kavet un tu... Tu vois que des voitures qu'on brûle, t'entends qu'on hurle, tu ne vois pas tout ce qui est injuste... On attend, on attend..." toujours très prenant ce questionnement. Il est suivi du célèbre "An Dro", nous espérons que certains arriveront à danser car, pour nous, malgré l'invitation de l'artiste, c'est impossible ! le "Pardon Spezed"... Il y en a un, dans le public, qui doit être content car il n'a pas arrêté de le réclamer depuis le début du concert !... Tous ces "tubes" qu'Alan interprètera sachant combien ils plaisent à son public qui les demande et les chante avec lui. Alors pourquoi s'y soustraire ? Cela rend heureux le musicien et cela se voit sur son visage. Il nous gratifiera, pour l'occasion, d'une brève prestation à la bombarde et à la cornemuse... pour changer de la harpe et c'est encore le "Tri Martolod" qui nous séparera, comme d'habitude.

Voilà, je dois maintenant quitter mes compagnons de concert et "regagner mon embarcation" sur un "océan encore houleux", mais maintenant, ma bonne étoile veille sur moi et je sais que je rentrerai sans soucis au port ! Merci Alan...

Reportage et photos de Mireille


Animation GS d'après photos de MIREILLE Animation GS d'après photos de MIREILLE



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