Alan Stivell, un musicien, une oeuvre...
Le reportage...

 

2 mars 2007
Stivell au Grand Théâtre de Lorient (1ère Partie)
Le site officiel du Grand Théâtre de Lorient : www.lorient.fr/grandtheatre.html

Les "Deizioù" ramènent Alan Stivell au Grand Théâtre de Lorient...

Orpheline de son beau théâtre à l'Italienne depuis les bombardements alliés de 1943, la ville de Lorient ne possédait aucune salle d'une capacité supérieure à 400 places.
Depuis 2003, la ville s'enorgueillit de son nouveau Grand Théâtre.


Photos Gérard SIMON

L'architecture, imaginée par Henri Gaudin, est audacieuse.

La découpe de ses lignes, avec ses parements de verre laissant filtrer la lumière, en fait une œuvre très originale et majeure de la culture Lorientaise.

Nous admirons, à la nuit tombée, ce vaisseau d'ombre et de lumière,
devant lequel "joue", mue par des jets puissants et modulés, sous l'or des faisceaux des projecteurs, comme un symbole, une "harpe d'eau !..."

Puis, nous pénétrons, en nous attardant, dans le vaste hall au design sophistiqué.

Les colonnes de soutènement, d'un blanc immaculé, sont parées de tâches azurines du plus bel effet. En nous approchant de celles-ci, nous constatons qu'il s'agit de l'exposition de nombreuses affiches d' "Explore-Tour".
Elles nous rappellent que, dans le cadre du Festival Breton, les "Deizioù" , rendez-vous culturel rituel au cœur de l'hiver, en Pays de Lorient, le Grand Théâtre accueille, ce soir, Alan Stivell.


Photo Gérard SIMON

Pour l'occasion, accompagnés de nos plus que très chers amis, Gabriele et Wolfgang Lempert-Rehor venus, pour quelques jours, d'Autriche, dans "leur second pays", la Bretagne, nous retrouvons, avec grand plaisir, un autre fidèle des concerts d'Alan et de notre site, l'enthousiaste et, musicalement, très fin connaisseur, Antoine Tilly.
Nous serons, donc, trois, pour assurer le reportage… en espérant qu'au terme du concert, nos deux "Viennois" s'exprimeront, également, tout comme ils l'ont déjà fait pour les reportages de La Cigale (mars 2004) et Celtica, à Nantes (juin 2005).

Il est 20 heures. Les spectateurs arrivent en grand nombre. Certains espèrent, encore, acheter un billet…

Peine perdue, puisque la salle est comble pour cette "soirée de gala". Quota épuisé, le tableau de la FNAC Lorient est, à ce sujet, très clair...
Photo Gérard SIMON

Parmi le public cosmopolite, nous percevons, ça et là, le timbre ensoleillé d'une conversation italienne, d'une bride de mots joyeux en anglais, en allemand… C'est un fait, la Bretagne et sa culture sont bien grandes ouvertes sur le monde !…

S'échappant d'une mezzanine du premier étage de l'édifice culturel, nous percevons, très nettement, des sons de harpes…
Des jeunes du collège Anita-Conti de Lorient donnent un avant concert, en prémisse à celui du célèbre harpeur breton.
En effet, depuis novembre 2005, les élèves de cinquième de cet établissement scolaire, sous la houlette de leur professeur Nathalie Praz, étudient le très riche parcours d'Alan Stivell… des créatifs arrangements de traditionnels celtiques, aux compositions originales et bien actuelles du présent album Explore qui restent, toutefois, ne nous y trompons pas, indiscutablement, enracinées…
Les dernières notes retombent comme des perles, l'heure du concert d'Alan se précise.

Nous montons le bel escalier habillé de velours cramoisi et pénétrons dans la salle élégante, riche de ses 1034 fauteuils. Installés au balcon, nous allons découvrir le spectacle sous un angle nouveau.
Nos trois amis siègent, à l'orchestre de la salle, Antoine étant en "poste avancé".

Photo Gérard SIMON

La lumière s'éteint, nous voici plongés dans la pénombre. Seul un éclairage bleuté caresse, voluptueusement, la scène, l'ombre de la harpe se trouvant projetée et amplifiée sur les murs du théâtre.

Le silence précède les applaudissements nourris qui saluent l'entrée en scène d'Alan Stivell. Un peu intimidé, il salue l'assistance en langue française, puis très vite, prononce quelques mots en langue Bretonne, car le célèbre barde du 3ème millénaire joue, ce soir, "sur ses terres".

"Bonsoir à tous… J'aimerais, tout d'abord, vous présenter et vous expliquer, un peu, ma harpe prototype, celle dont j'ai toujours rêvé et que j'ai dessinée. Elle a été réalisée par les ateliers Camac, en vrai Sud Bretagne, au pays Nantais… Je vais vous jouer l'un des titres de mes tous débuts…"

D'entrée, le musicien semble ne faire qu'un avec l'instrument de sa vie. Ses doigts effleurent, à peine, les cordes. Un flot de notes s'écoule en ondes frémissantes, elles s'amplifient telles une marée montante, avant que la voix inimitable du chanteur, ne vienne, à son tour, caresser la douce complainte d' "Ar Voraerion".

Nous quittons les "gens de la mer"… Au détour d'un chemin, nous trouvons "Marig Ar Pollanton" pleurant ses amours déçues. La ressemblance avec certaines ballades américaines est frappante. N'en soyons pas étonnés, les émigrants Bretons de jadis, voguant vers le "Nouveau Monde", ont emporté dans leurs bagages tant de refrains, joyaux de l'Armorique.

"A présent, voici un morceau très ancien portant le même titre éponyme que mon premier l'album… Reflets !"

Les trémolos glissent des cordes de la harpe, ils s'écoulent, s'épanchent, s'immergent puis de nouveau, émergent. La voix de Stivell, au doux et chaud vibrato, s'envole, s'intensifie, se hausse. Le chatoiement des éclairages aux tons corallins ou pourpres projette sur la scène d'inventifs "vitraux" rappelant, parfois, certaines petites églises morbihannaises ou finistériennes.

L'assistance semble comme surprise du retour à ces titres qui ont marqué les débuts de Stivell. Entre nostalgie, et respect, les applaudissements se font mesurés, mais complices

Après ce chant, revenons aux brumes océaniques, puisque l'artiste nous emporte vers la "cité construite contre la mer"… la ville d' "Ys" !.
L'on entend parfaitement le bruit du ressac des vagues venant se fracasser contre les remparts et la porte de la ville, avant que celles-ci ne viennent l'anéantir à jamais. Pauvre roi Gradlon !...

Photos Antoine TILLY

Nous retrouverons, pour un instant, les effluves du légendaire Olympia de 1972, avec "Tha mi sgith", et notre mémoire semble "entendre", à nouveau, en moins "traînant et nasillard", le contre chant de Gabriel Yacoub, complice de l'époque.

"J'ai écrit ce texte en langue Irlandaise, en anglais, puis en français en pensant à la terre d'Irlande. On peut s'apercevoir qu'il n'est pas utopique, quelquefois, de rêver à la paix… "Brian Boru"".

Désormais l'on ne présentera plus cette chanson "fleuve" de son répertoire, pour l'avoir, si souvent, décrite dans ces pages.

Les applaudissements et les ovations sont devenus, au terme de ce morceau, massifs...

Le reportage se poursuit sur la page suivante...




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